La police de Montréal a arrêté le Montréalais qui pourchassait sur l'internet depuis près de 20 ans des gens qu'il accusait d'être «athées». Cette arrestation survient une semaine après l'apparition d'une pétition en ligne dans laquelle près de 5000 personnes ont dénoncé l'inaction policière à mettre fin aux menaces de mort dont plusieurs se disaient victimes.

«La personne a été arrêtée et nous allons l'envoyer pour une évaluation [psychiatrique]», a expliqué l'agent Daniel Lacoursière, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal. Il n'a pas confirmé le vrai nom du suspect, celui-ci ayant utilisé durant toutes ces années des dizaines de pseudonymes, dont le principal était «David Mabus».

Dans un bref entretien avec La Presse, la mère du Montréalais Dennis Markuze a confirmé que son fils avait été arrêté, elle qui avait déjà avoué qu'il était bien l'auteur des messages.

Des internautes américains et canadiens ont reçu depuis au moins 1993 des milliers de messages hargneux signés «David Mabus», qui menaçaient de mort ceux qu'il appelait des «athées». «Nous allons vous enterrer», «Athées, nous allons vous trancher la tête» et «Mourez, athées, mourez», lisait-on dans les courriers électroniques.

Or, malgré plusieurs plaintes à la police, les messages ont continué. Le SPVM estimait que les victimes de ces menaces de mort devaient s'adresser à leur police locale, alors que les corps policiers américains considéraient à l'inverse que l'enquête relevait de Montréal, l'auteur des messages y vivant.

La semaine dernière, près de 5000 internautes ont signé une pétition en ligne afin de demander au SPVM de mener une enquête pour mettre fin à la vague d'envois. C'est finalement la plainte d'un blogueur montréalais ayant lui aussi reçu un courriel hargneux qui a permis de déclencher l'enquête ayant mené à l'arrestation de «David Mabus». Selon nos sources, il a été arrêté mardi, mais l'annonce a seulement été faite hier après-midi.

Après la diffusion de nombreux reportages sur cette affaire dans les médias la semaine dernière, les messages haineux ont soudainement cessé, le 11 août. «J'ai reçu un dernier message de menaces à 21 h 57. Et soudain, il s'est mis à s'excuser et semblait vouloir négocier afin que je retire ma plainte à la police», confie Tim Farley, qui recevait les courriels de «Mabus» depuis trois ans.

«Nous sommes prêts à vous trouver une porte de sortie. Nous ne voulons pas la guerre avec vous et vous ne voulez pas la guerre avec nous», peut-on lire dans un message écrit jeudi soir dernier.

Puis, pour la première fois en près de 20 ans, «David Mabus» s'est complètement tu le 12 août, peu avant 4 h du matin. «Ça fait du bien de ne plus avoir à suivre cette routine quotidienne de bloquer ses messages», confie Tim Farley, qui pourrait être appelé à venir témoigner à Montréal du harcèlement qu'il a subi. «Je suis très soulagé. J'espère qu'il va obtenir de l'aide médicale pour soigner son obsession.»