Deux hommes se sont tirés in extremis de la noyade, lundi, lorsque leurs véhicules se sont engouffrés dans la rivière Yamaska, à la suite de l'affaissement d'un tronçon de la route dans un rang de campagne. Le conducteur d'un des véhicules est toujours porté disparu.

Vers 5h10 du matin, Denis Joyal s'est fait réveiller par des cris provenant de l'extérieur de sa résidence. «J'entendais crier: "T'es où? T'es où?" »

En regardant par une fenêtre donnant sur le chemin longeant la rivière Yamaska, il a aperçu un homme en sous-vêtements qui semblait chercher quelqu'un dans les herbes sur le bord de la rive. «J'ai aussi vu que quelque chose d'anormal s'était produit sur le chemin.» Et pour cause. Une section d'environ 5 mètres de long du rang Grand-Chenal, sous laquelle s'écoule un petit ruisseau (la rivière Saint-Catherine), s'était affaissée durant la nuit, créant une faille profonde de plusieurs mètres au milieu de la route.

Tout porte à croire qu'une première voiture, un taxi, est tombée dans le trou avant 5 h, emportant avec elle le chauffeur et le passager qui se trouvait à bord. Ce dernier, un homme âgé d'une cinquantaine d'années, a été en mesure de sortir de la voiture, malgré des blessures sérieuses aux jambes. Le chauffeur de taxi, lui, reste introuvable. Son corps n'était pas à l'intérieur du véhicule repêché lundi soir.

Peu après la première chute, un second véhicule a basculé dans la rivière. «Le conducteur est resté le pied coincé dans son volant pendant un certain temps. Il a réussi à enlever ses vêtements, puis il a grimpé sur le toit pendant que l'auto dérivait avec le courant», a raconté M. Joyal.

À peine le conducteur du second véhicule avait-il atteint la rive à la nage qu'il a porté secours au passager survivant du premier véhicule. Avec l'aide du fils de M. Joyal, il a tenté de ramener le passager du taxi sur la route à l'aide d'une corde, mais en vain.

Les pompiers sont alors arrivés. «L'homme a dit qu'il avait mal aux jambes et mal au dos, mais il était très lucide», a raconté le pompier Pierre Hamel, qui est resté à ses côtés jusqu'à l'arrivée des ambulanciers.

«Il a dit qu'il est resté pris dans l'eau pendant deux heures, mais dans la souffrance, il a peut-être perdu le fil du temps», a estimé Hélène Mondou, qui habite tout près du ponceau effondré.

La Sûreté du Québec a par la suite déployé son hélicoptère et une équipe de plongeurs pour tenter de retrouver les deux véhicules ainsi que le chauffeur de taxi porté disparu. Les troupes ont scruté plusieurs kilomètres de berges, à pied et à bord d'embarcations, pendant une bonne partie de la journée.

Photo: Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

L'affaissement de la route a laissé un trou béant.

Courant et fortes pluies

Vers 20 h, un des véhicules a été repéré sous l'eau par les plongeurs et ramené à la surface près de deux heures plus tard. Il s'agit de la voiture de taxi, mais la dépouille du chauffeur ne se trouvait pas à bord.

Le fort courant, la visibilité nulle et une quantité importante de débris coincés à l'affluent de la rivière Yamaska et du ruisseau Sainte-Catherine ont compliqué les efforts des plongeurs durant toute l'opération.

Dimanche soir, le secteur a été privé de courant pendant une bonne partie de la soirée. Les pluies abondantes, dont les accumulations ont atteint jusqu'à 100 mm dans certains secteurs de la Montérégie, semblent avoir fait gonfler le ruisseau Sainte-Catherine. Celui-ci passe sous le rang Grand-Chenal par un tuyau d'environ 6 mètres de diamètre. «D'après moi, il y a quelque chose qui a bloqué le tuyau, et la force du courant a emporté le chemin», croit M. Joyal.

Le ministère des Transports n'était pas en mesure de donner plus de détails sur les causes précises de l'affaissement hier soir. «À cause des pluies diluviennes qui ont précédé l'événement, le ponceau a pris le bord», a résumé Yves Kirouac, porte-parole au MTQ.

La Sûreté du Québec doit reprendre l'opération de recherche aujourd'hui dans le but de localiser le corps.