Après avoir séduit un élève de 15 ans au cours d'un petit voyage en camping, en mai 2002, l'enseignante Tania Pontbriand, alors âgée de 32 ans, l'aurait couvert de cadeaux, lui répétant qu'il était spécial, et aurait multiplié les occasions pour se retrouver seule avec lui. Ils se voyaient chaque jour, et avaient des relations sexuelles à chaque fois, parfois plusieurs fois par jour.

«Ça se passait dans son bureau à l'école, chez elle quand son mari était parti jouer au golf ou au hockey, chez moi dans ma chambre quand elle prétendait venir m'aider pour mes devoirs, dans sa voiture, dans les bois derrière chez elle...», a énuméré l'ex-élève en question, vendredi, alors qu'il témoignait au procès de Tania Pontbriand. Aujourd'hui âgée de 40 ans, Mme Pontbriand est accusée d'agression sexuelle et contacts sexuels alors qu'elle était en position d'autorité. Les événements qui lui sont reprochés se seraient produits entre mai 2002 et avril 2004, alors qu'elle enseignait l'éducation physique à l'école secondaire de Rosemère. Le garçon n'a porté plainte qu'en 2007.

Aujourd'hui dans la mi-vingtaine, le jeune homme s'est exprimé clairement et il a témoigné avec aplomb. Il a raconté ses premiers contacts avec l'enseignante. Outre l'éducation physique,  Mme Pontbriand lui enseignait le leadership. Dans le cadre de ce cours, en janvier 2002, elle a demandé aux élèves de décrire leur vie dans un récit. Celui du garçon faisait 50pages et il a manifestement soufflé l'enseignante. Elle lui a attribué une note de 99%. De fil en aiguille, elle s'est rapprochée de lui. Lors d'un voyage de groupe en vélo, en mai 2002, le garçon et l'enseignante se sont retrouvés seuls dans un camion, parce qu'une moufette était apparue sur le terrain de camping. Ils ont passé la nuit à discuter dans le camion. Mme Pontbriand aurait dit au jeune homme qu'ils étaient des âmes soeurs.

Une relation inappropriée

Deux semaines plus tard, Mme Pontbriand est partie seule en camping avec le garçon. La mère de ce dernier avait donné son autorisation. C'est au cours de ce voyage que l'enseignante aurait dépucelé l'élève. Ils couchaient dans la même tente. «On discutait. Elle me regardait dans les yeux. Elle m'a dit: "Embrasse-moi". J'ai dit "Comment?" Elle m'a dit: "Comme tu veux". Après, elle m'a dit de lui enlever son soutien-gorge. Je ne savais pas comment. Je n'avais pas d'expérience», a-t-il expliqué, avant d'ajouter qu'ils avaient fait l'amour deux fois.

Cette première expérience a été l'amorce d'une relation très torride qui allait durer deux ans, selon le témoin. Mme Pontbriand, qui était en couple depuis huit ans avec un homme, disait regretter son mariage. Elle a confié à l'adolescent ne pas vouloir faire l'amour avec son mari, parce que son pénis était trop gros. L'enseignante déclarait son amour au garçon, mais lui demandait de taire leur liaison. Pourtant, elle jouait manifestement avec le feu. Elle allait le chercher chez lui le matin pour l'emmener à l'école. Elle prenait soin auparavant de passer chez McDo pour lui acheter un déjeuner. Elle l'amenait au restaurant le midi. Elle allait aussi le rejoindre dans la cafeteria de l'école. Les autres professeurs trouvaient cette relation inappropriée.

Mme Pontbriand et le garçon s'écrivaient des lettres codées, qu'ils se transmettaient par le casier de ce dernier. «Elle connaissait le numéro de mon cadenas», a-t-il dit.

Pour l'anniversaire du garçon, à ses 16 ans, l'enseignante lui a donné 16 cadeaux, plus un 17e pour la chance. Il y avait une tirelire en forme de cochon, sur lequel était écrit: «Hugs for your friend Tania always.» À l'intérieur, il y avait un chèque. Elle lui a aussi donné un sac à dos, une montre, un ourson en peluche, une tasse... Elle avait fait graver le nom du garçon sur chaque objet.

Rupture

Au début, la mère du garçon était d'accord pour que son fils voie souvent son enseignante. Mais à un certain moment, les notes du garçon ont commencé à baisser, et la mère a voulu que la relation cesse. D'autant plus qu'elle avait trouvé les lettres codées qu'ils s'échangeaient. La mère s'est plainte à l'école et a interdit à son fils de revoir Mme Pontbriand en dehors de l'école ou de lui parler au téléphone. Le garçon et l'enseignante ont pleuré.  Mme Pontbriand a résolu le problème en achetant un téléphone portable au garçon. Ils se donnaient des rendez-vous secrets et faisaient l'amour dans la voiture de Mme Pontbriand, selon le jeune homme. Le garçon a pris sa propre mère en aversion à cause de cela, et il est même allé demeurer chez un ami de la famille pendant un temps. «Ma mère était devenue mon ennemie.»

Mme Pontbriand a mis fin à la relation au printemps 2004, alors que le garçon fréquentait le cégep. Elle avait rencontré un autre homme, a-t-elle fini par lui avouer. Le garçon a sombré dans le désespoir et la dépression. Il ne dormait plus, maigrissait et a abandonné l'école. Il gardait néanmoins son secret pour protéger  Mme Pontbriand, a-t-il dit.

Il a vu un psychologue et un psychiatre. Il a fini par se libérer de son secret. En février 2007, un ami l'a convaincu d'aller porter plainte.

De nombreuses pièces à conviction ont été déposées en preuve dans cette affaire, notamment des photos, des cadeaux, des courriels que  Mme Pontbriand aurait envoyés au garçon. Le procès se poursuivra le 28 novembre, avec la suite de l'interrogatoire du garçon.