Pour la quatrième fois en quatre ans, un travailleur est mort écrasé vendredi sur le chantier du parachèvement de l'autoroute 30, en Montérégie.

George Berger, un arpenteur-géomètre de 60 ans employé du consortium Nouvelle Autoroute 30 CJV, vaquait à ses tâches, à Châteauguay, peu avant 11h. Il n'a pas vu à temps le lourd camion 12 roues rempli de granulats qui reculait vers lui.

«Le camion a reculé sur lui et il a été écrasé sous les roues. Les secouristes ont fait un maximum pour le dégager, mais malheureusement, il est décédé», a expliqué Jacques Nadeau, porte-parole de la Commission de la santé et sécurité du travail (CSST).

«Chaque accident est un accident de trop, chaque décès est un décès de trop. Nos inspecteurs se sont rendus sur les lieux, nous allons voir si la gestion des camions sur le chantier et le dépôt des matières solides étaient conformes et sécuritaires», a ajouté le porte-parole. Celui-ci confirme que le site demeurera fermé tout le week-end à cet effet.

La police de Châteauguay, assistée d'un expert en reconstitution de scène d'accident de la Sûreté du Québec, mène par ailleurs sa propre enquête sur le drame.

Des personnes proches du dossier ont confié vendredi que le chauffeur de camion impliqué était complètement démoli après l'annonce de la mort de la victime.

Le chantier de l'autoroute 30 en Montérégie a été le théâtre de trois autres accidents de travail mortels au fil des années. En 2007, à Delson, le soudeur Mario Brunelle et le journalier Sylvain Rancourt ont été tués par un tuyau d'acier de 830 kg qui a roulé sur eux et qui a blessé un troisième travailleur lors du déchargement d'un camion.

En 2009, l'ouvrier Jean-Guy Meunier a été écrasé mortellement lors du décoffrage d'un mur de béton qui a basculé vers lui, sur une portion du chantier située à Saint-Constant.

Chaque fois, la CSST a relevé des lacunes dans la sécurité et imposé des amendes aux entrepreneurs impliqués.

«Un accident malheureux»

L'organisme était revenu sur les lieux récemment pour des vérifications de routine.

«On s'y était rendus à plusieurs reprises, pas parce que c'est un chantier à problèmes, mais simplement en raison de son ampleur», a indiqué Jacques Nadeau.

Le PDG de Nouvelle Autoroute 30, Denis Léonard, a tenu à souligner en entrevue à La Presse que l'événement de vendredi est le premier accident grave à survenir sur la portion de travaux gérée par son consortium.

«C'est un accident malheureux, regrettable, mais il est trop tôt pour tirer des conclusions. Tout ce que je peux dire, c'est que les procédures étaient en place, tout était fait selon les règles de sécurité», a-t-il déclaré.

«On établit une fréquence d'accident selon le nombre d'heures travaillées. Nous sommes rendus à plus de 3 millions d'heures travaillées, et nos fréquences sont en deçà de beaucoup d'autres chantiers», a-t-il ajouté.

Statistiquement, plus un chantier est gros, plus la probabilité que survienne un accident un jour augmente, observe le dirigeant.