Alors qu'elle est à couteaux tirés avec sa famille depuis plus de deux ans, la police de Montréal a offert récemment sa protection à Dany Villanueva en marge d'une enquête sur des menaces de mort contre le jeune homme et son avocat, a appris La Presse.

Selon nos informations, les enquêteurs des services à la communauté de la région sud du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) enquêtent depuis août sur au moins une lettre de menaces envoyée à l'avocat de Villanueva, Me Stéphane Handfield.

La missive, que La Presse a obtenue, est rédigée en anglais et n'est pas signée. « Nous savons où vous trouver », y lit-on.

Le texte poursuit au sujet de Dany Villanueva : « S'il n'est pas expulsé, son corps décapité sera trouvé non loin d'où vous êtes. »

« Sa tête sera envoyée à sa mère pour qu'elle ait aussi la preuve qu'il est mort », ajoutent le ou les auteurs.

« Et on s'occupera de vous aussi. Ceci n'est pas une blague. S'il vous plaît, agissez en conséquence », conclut la lettre.

Joint à son bureau, l'avocat Stéphane Handfield s'est refusé à tout commentaire.

Pour l'instant, la police prend la chose au sérieux. Elle a rencontré Dany Villanueva pour discuter des menaces et lui a offert sa protection, mais celui-ci aurait refusé l'offre, selon nos sources.

Il faut dire que le jeune homme n'a jamais caché sa rancoeur à l'endroit du SPVM depuis la mort de son frère cadet Fredy dans une opération policière, en 2008.

Dans les médias, lors de manifestations, pendant l'enquête publique sur l'opération policière ou devant les tribunaux, sa famille et lui ont attribué la responsabilité du drame à la police de Montréal. Ils ont même témoigné contre le SPVM devant une envoyée spéciale de l'ONU spécialiste des droits des minorités ethniques.

Le SPVM et ses avocats, de leur côté, ont tracé devant plusieurs instances un portrait très négatif de Dany Villanueva, en insistant sur ses antécédents judiciaires et son implication au sein des BMF, redouté gang de rue de Montréal-Nord.

Rappelons que le jeune homme tente actuellement de contester une mesure d'expulsion vers son Honduras natal. Il a été déclaré interdit de territoire au Canada en raison d'une condamnation pour vol qualifié.

Il a déjà raconté en cour avoir reçu de nombreuses menaces de mort depuis la mort de son frère. Il craint notamment d'être tué par des gangs locaux s'il retourne au Honduras. Un de ses cousins qui habite là-bas aurait été victime d'une tentative de meurtre et la maison de sa grand-mère aurait été incendiée.

Des fonctionnaires du ministère de l'Immigration auraient été avisés de l'enquête du SPVM sur les nouvelles menaces. Les porte-parole du SPVM ont refusé de commenter l'affaire hier.

Ce n'est pas la première fois que les policiers de Montréal se mobilisent pour contrer une menace liée à Dany Villanueva. Lors de sa comparution devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, au printemps dernier, un imposant dispositif policier avait envahi le complexe Guy-Favreau, escortant de près certains témoins et surveillant tous les accès.