Un homme d'origine chilienne menacé d'expulsion après 32 années passées au Canada était de retour devant la justice, mercredi matin, pour tenter de regagner sa résidence permanente. Victor Hugo Morales, qui gagne sa vie comme musicien dans le métro de Montréal, demande à la Cour fédérale de passer l'éponge sur son passé criminel afin de lui permettre de prendre soin de sa mère atteinte du sida et de ses trois enfants, tous canadiens.

Victor Morales immigre au Canada comme réfugié politique à 7 ans. Ses parents fuient la dictature de Pinochet.

Dans les années 90, il perd sa résidence permanente après avoir été reconnu coupable de plusieurs crimes mineurs. Un premier avis d'expulsion est lancé en 1998, mais n'est jamais mis à exécution. «À cette époque, il était possible de faire appel et d'obtenir le droit de rester au Canada malgré l'avis d'expulsion, pourvu que l'on reste discret par la suite. Les choses ont changé au tournant des années 2000, c'est devenu plus sévère», a expliqué l'avocat de Morales, Stuart Istvanffy.

Entre 1994 et 2004, Morales s'est avoué ou a été reconnu coupable de 18 infractions au Code criminel. Une recherche au plumitif démontre qu'il a notamment été déclaré coupable de possession de drogue, de vol, de méfaits, d'avoir proféré des menaces et de conduite avec les facultés affaiblies.

Morales dit avoir commis tous ces crimes sous l'influence de l'alcool ou de la drogue. Aujourd'hui, il dit être «un homme changé», grâce à la religion. Il se définit comme un born-again christian. Il est sobre depuis 2004 et n'a pas bu une goutte d'alcool depuis 2007.

L'homme a trois enfants de 21, 15 et 13 ans. Il ne paie pas de pension alimentaire, mais affirme voir les deux plus jeunes tous les jours. Il prend également soin de sa mère atteinte du sida.

Sans statut depuis plus d'une décennie, Morales s'est tourné vers Immigration Canada pour regagner sa résidence permanente, ce qui lui a été refusé par un agent du Ministère. Entre-temps, le gouvernement a décidé de le renvoyer au Chili. Son expulsion était prévue le 8 février dernier, mais il a obtenu un sursis afin de demander une révision judiciaire.

Stuart Istvanffy demande maintenant au tribunal de casser la décision d'Immigration Canada à l'égard de son client pour des «motifs humanitaires». Selon lui, les devoirs et liens familiaux de M. Morales l'emportent sur son passé criminel, d'autant plus que l'alcool est à la base de ses crimes et qu'il ne consomme plus depuis plusieurs années.

L'avocate du gouvernement, Isabelle Brochu, n'est pas du même avis. Elle a plaidé qu'il ne fallait pas «minimiser» le passé criminel de Morales et que le renversement d'une décision pour motifs humanitaires était une mesure d'exception.