Une imposante et mystérieuse opération de démantèlement d'un laboratoire clandestin est toujours en cours à Beauharnois, secteur Maple Grove.

La Sûreté du Québec précise qu'il s'agit d'une «perquisition en cours d'enquête», raison pour laquelle on se fait si avare de détails sur la nature et la quantité des produits chimiques qui y sont saisis.

C'est vers 15h jeudi que les policiers se sont présentés au 20, rue Saint-Joseph, une adresse qu'ils avaient visiblement à l'oeil depuis un moment.

Selon le témoignage de voisins qui ont assisté à la scène, les policiers auraient alors laissé l'occupant de la résidence, un dénommé Michel Masson, 45 ans, et un oncle très âgé quitter les lieux. Il n'est pour l'instant sous le coup d'aucun mandat d'arrestation.

Rapidement, un imposant périmètre de sécurité a été érigé. Les policiers ne savaient initialement pas si le laboratoire et les produits qui l'équipent, découverts dans la résidence, ainsi que dans un garage et une autre dépendance située derrière la maison principale, contenaient des matières explosives ou susceptibles de contaminer les gens se trouvant à proximité.

Une fois les craintes dissipées, la scène a été préservée pour la nuit. Vendredi matin, des techniciens spécialisés en récupération de substances dangereuses de la Sûreté du Québec se sont remis au boulot.

L'imposant déploiement a causé tout un émoi dans le voisinage. Des tentes de décontamination, des bassins, un autobus servant de poste de commandement de la Sûreté du Québec ont envahi la petite rue. Des ambulanciers de la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie (CETAM) étaient sur les lieux pour examiner à intervalles réguliers les techniciens vêtus de combinaisons stériles. Leur but étant de s'assurer que la manipulation des produits chimiques ne leur causait pas d'ennuis de santé.

Mais qu'a-t-on réellement saisi? En quelle quantité? Qui est derrière ce laboratoire? Y aura-t-il des accusations? La SQ ne dit rien pour le moment, puisque la perquisition doit se poursuivre ce soir et samedi au moins, et qu'un bilan ne sera dressé qu'après.

Selon nos informations toutefois, il semble que les produits découverts sur les lieux aient pu servir à la production de drogues chimiques.



Des voisins pas surpris

Les résidents du secteur ne sont pas surpris de voir la police s'intéresser à cette adresse où le va et viens était incessant. Ils se disent toutefois surpris de l'ampleur de l'opération.

«Pour le quartier, je suis content de cette opération. Il y a beaucoup de monde qui allait chaque jour chez lui. Du monde tout croche», précise Jean-François Décary, qui dit même avoir observé depuis quelques semaines le passage de nombreuses voitures de police banalisées.

Les voisins considèrent toutefois que l'homme chez qui la perquisition a eu lieu est un «bon gars», aimé dans le secteur et aidant son voisinage. Ils croyaient que le garage servait plutôt de serre pour cultiver la marijuana. Et non à entreposer des produits chimiques dangereux.

Un autre voisin, Mathieu Legault, note que l'électricité avait été coupée dans la maison où loge Michel Masson, depuis avril dernier. «Il partait souvent une génératrice depuis ce temps là. Ça faisait du bruit», remarque-t-il.

Tout au long de la journée, plusieurs gens du coin sont passés voir ce qui se passait sur la rue Saint-Joseph. Tous semblaient connaître M. Masson, dont la mère serait la propriétaire de la maison où il habite depuis longtemps. Cette dernière habite d'ailleurs à quelques dizaines de mètres de là. Une dame du secteur qui se rendait la visiter a indiqué qu'elle ne comprenait pas pourquoi la police avait déployé tant de ressources pour perquisitionner chez Michel Masson, «un très bon gars».

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Le laboratoire derrière la maison.