Des manifestations ont eu lieu à Montréal et à Ottawa, mardi, en mémoire des 14 étudiantes assassinées à l'École polytechnique, il y a 22 ans. Des cérémonies qui ont pris une tournure résolument politique lorsque les partis de l'opposition ont critiqué la manière pour le moins inusitée par laquelle un député conservateur a célébré l'abolition du registre des armes à feu.

Dans une vidéo diffusée sur YouTube, on voit le député albertain Jim Hillyer former des pistolets avec ses mains et feindre de tirer vers les banquettes de l'opposition au moment de voter pour l'abolition du registre. Le vote a eu lieu il y a plus d'un mois, mais la vidéo a fait surface mardi, lorsque se tenaient des commémorations pour marquer l'assassinat de 14 jeunes femmes à l'École polytechnique.

«Manque de respect», «indécent», «inapproprié», les partis de l'opposition n'ont pas mâché leurs mots pour dénoncer le geste du député de Lethbridge.

«C'est loin d'être approprié. Je dois dire que c'est un manque de respect complet envers la Chambre des communes et c'est une attitude qui démontre l'attitude du gouvernement conservateur envers la population», a dénoncé la chef du Nouveau Parti démocratique, Nycole Turmel.

«Faire une telle chose manque de respect, manque de jugement, manque de sensibilité et je le regrette beaucoup, a renchéri le chef libéral Bob Rae. J'espère qu'il va le regretter lui-même quand il voit comme il apparaît sur l'écran.»

La députée bloquiste d'Ahuntsic, Maria Mourani, a qualifié le geste de «complètement indécent».

«Ils se moquent de l'opposition, ils se moquent des victimes, ils se moquent des familles», a-t-elle dénoncé.

Le bureau du premier ministre Harper a dirigé les questions des journalistes au député Hillyer lui-même. Celui-ci n'a donné aucune suite à notre demande d'entrevue.

Manifestation devant le parlement

Plus tôt dans la journée, des dizaines de personnes ont manifesté devant le parlement fédéral. La Coalition pour le contrôle des armes et des proches des victimes du massacre de Polytechnique exigent que le gouvernement Harper revienne sur sa décision d'abolir le registre des armes d'épaule et de détruire toutes ses données.

Suzanne Laplante-Edward, dont la fille Anne-Marie est tombée sous les balles de Marc Lépine, a affirmé que l'abolition du registre constitue un affront à la mémoire des 14 victimes de la tuerie.

«Merci d'être là pour dénoncer le gouvernement conservateur qui s'apprête à anéantir à tout jamais notre loi canadienne sur le contrôle des armes, la seule, l'unique chose qui ait pu ressortir de cette atroce tragédie», a-t-elle déclaré.

Des représentants de la Coalition se sont également rendus à l'Assemblée nationale pour convaincre le gouvernement Charest de sauvegarder le registre des armes à feu au Québec.

Dans un communiqué, le premier ministre Stephen Harper a souligné que son gouvernement a investi pour mettre fin à la violence contre les femmes.

«Mais il faut faire davantage, a-t-il affirmé. Chaque Canadien a un rôle à jouer pour briser le cycle de la violence et de la discrimination contre les femmes.»