C'est entouré d'un imposant dispositif de sécurité que le caïd Raynald Desjardins a comparu, mercredi matin, au palais de justice de Joliette pour être formellement accusé du meurtre du mafioso Salvatore Montagna.

Des avocats présents, pourtant habitués aux dossiers liés au crime organisé, n'en revenaient tout simplement pas du déploiement policier.

Desjardins, ainsi que ses coaccusés Vittorio Mirarchi, 34 ans, et Felice Racaniello, 27 ans, ont été emmenés à Joliette dans un convoi ouvert par des agents en civil du Groupe tactique d'intervention de la Sûreté du Québec, portant un gilet pare-balles sous leur veston.

Contrairement à la procédure habituelle, le public n'avait pas le droit de s'approcher de la salle d'audience avant la comparution. Une fois le moment venu, les agents spéciaux ont permis aux gens d'entrer, en filtrant un par un journalistes et curieux.

Plus d'une douzaine de policiers en civil munis d'oreillettes montaient la garde dans la salle de cour et dans le couloir lorsque Desjardins est arrivé dans le box des accusés, vêtu d'un chandail à capuchon noir de marque Lacoste.

Desjardins, Mirarchi et Racaniello sont accusés de meurtre et de complot pour meurtre. Jack Simpson, propriétaire de la maison de Charlemagne où Salvatore Montagna a été tué le 24 novembre, fait face aux mêmes accusations, mais il comparaîtra plus tard, puisqu'il est actuellement détenu en Ontario.

Évidemment, tous n'ont pas tiré sur la victime. Mais la police les soupçonne d'avoir commandé, organisé ou approuvé le meurtre.

Deux autres suspects que la police considère comme des hommes de main du groupe, Calogero Milioto, 40 ans, et Pietro Magistrale, 59 ans, ont comparu pour des accusations moins graves, relatives à la possession d'un petit arsenal saisi lors des perquisitions. Les actes d'accusation font mention d'une dizaine de carabines et d'armes de poing.

Raynald Desjardins, ancien bras droit du parrain Vito Rizzuto et un des rares non-Italiens à être branchés sur les plus hautes instances de la mafia italienne de Montréal, avait été la cible d'un attentat raté le 16 septembre dernier, à Laval.

Or, selon l'acte d'accusation, c'est précisément à cette date que Desjardins et ses complices ont commencé leur complot pour tuer Salvatore Montagna, ancien dirigeant par intérim de la famille mafieuse new-yorkaise des Bonanno.

Desjardins était particulièrement à l'aise devant la cour, s'appuyant sur la balustrade, s'adressant poliment au juge Michel Duceppe, discutant avec son avocat en souriant. Il a demandé qu'on lui apporte en détention sa machine contre l'apnée du sommeil, de l'eau distillée et quatre médicaments qu'il doit prendre, dont un pour le cholestérol.

Plusieurs des accusés sont issus du monde de la construction et de l'immobilier. C'est le cas de Desjardins, mais aussi de Calogero Milioto et de Felice Racaniello. Ce dernier travaille comme manoeuvre sur les chantiers.

Selon nos informations, les policiers pourraient être obligés de dévoiler une partie des dessous de leur enquête le 28 décembre, à l'audience de la requête pour la mise en liberté d'un acteur mineur, Calogero Milioto. La défense pourrait saisir cette occasion et tenter de découvrir toutes les cartes que la Couronne garde dans sa manche en prévision du procès de Desjardins.