L'ex-policier Ian Davidson n'aurait pas seulement tenté de vendre sa liste ultrasecrète d'informateurs à la mafia italienne. Il aurait aussi essayé de faire affaire avec un redoutable gang de Kurdes turcs actif dans le trafic de drogue au centre-ville, croit la police.

Celui que plusieurs surnomment maintenant «la taupe du SPVM» aurait engagé ces tractations devant le peu d'empressement de la mafia à répondre à son offre.

Quelques échanges avec le gang kurde ont suivi. Mais selon nos sources, Davidson a finalement décidé d'abandonner cette piste, par manque de confiance envers ses interlocuteurs.

Dans les milieux policiers, les membres de ce gang sont réputés extrêmement dangereux. «Des mongols», a déjà résumé un enquêteur à leur sujet. L'organisation est reconnue pour distribuer des raclées en public et saccager des bars. Elle aurait même tenté d'enlever un interprète turc soupçonné de travailler pour la GRC, dans le but de lui soutirer des informations.

La police de Montréal croit avoir récupéré toutes les données sensibles à temps. Mais elle ne peut évidemment garantir à 100% que les noms d'informateurs ne sont pas encore enregistrés quelque part, par exemple sur un site de partage de données ou dans une boîte courriel.

«Si j'avais une boule de cristal, je la sortirais», a expliqué l'assistant directeur du SPVM, Didier Deramond, interrogé à ce sujet par La Presse mardi.

Micros cachés

Par ailleurs, de nouvelles informations continuent à filtrer sur la façon dont la police a pu arrêter Ian Davidson. Les enquêteurs avaient truffé de micros la maison et la voiture de leur ancien collègue, qui planifiait sa fuite au Costa Rica.

De leur côté, les policiers de Laval continuent d'enquêter sur les circonstances entourant la mort de l'ancien analyste du SPVM, qui a été trouvé égorgé dans une chambre de l'hôtel Châteauneuf, mercredi matin.

Ian Davidson sera resté fidèle à sa réputation d'homme discret et taciturne jusque dans la mort. La fameuse note qu'il a laissée avant de mourir ne donnerait aucune explication sur la trahison dont il était soupçonné.

Selon nos sources, il s'agirait d'une note succincte de quelques mots. Rien pour faire progresser l'enquête.

Selon ce que La Presse a pu apprendre sur place, c'est accompagné de sa conjointe que l'ex-policier s'est présenté à l'hôtel, entre mardi soir et mercredi matin. Il venait d'apprendre que sa tête était mise à prix et que son identité serait bientôt rendue publique. C'est sa conjointe qui a loué la chambre au comptoir après avoir présenté son permis de conduire en guise de pièce d'identité.

On leur a attribué la chambre 104, tout près des cuisines. Impossible pour le moment de savoir si la conjointe de Davidson a passé du temps avec lui ou si elle est repartie tout de suite, car contrairement aux entrées de l'établissement, le corridor de l'hôtel n'a pas de caméras de sécurité.

Chose certaine, mercredi matin, elle a reçu de son conjoint un message suffisamment inquiétant pour qu'elle prévienne la police. Vers 8 h 50, les ambulanciers ont découvert le corps de Davidson ensanglanté dans la salle de bains. Un couteau a été récupéré sur place.

La chambre a été passée au peigne fin et les employés présents lors de la découverte du corps ont été interrogés. Des spécialistes ont tout nettoyé avant de permettre l'accès aux femmes de chambre. Il ne restait que trois bouteilles d'eau, un emballage de tablette de chocolat aux amandes et la cellophane d'un paquet de cigarettes dans la poubelle.

Le résultat préliminaire de l'autopsie pratiquée sur le corps du pollicier à la retraite a par ailleurs confirmé la thèse du suicide, a rapporté Radio-Canada hier.

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

Selon ce que La Presse a pu apprendre sur place, c'est accompagné de sa conjointe que l'ex-policier Ian Davidson s'est présenté à l'hôtel, entre mardi soir et mercredi matin. On leur a attribué la chambre 104, tout près des cuisines.