Une naturopathe reconnue coupable de pratique illégale de la médecine à deux reprises est de retour devant les tribunaux pour avoir administré une injection intraveineuse à base de magnésium à un homme âgé de 84 ans, qui est mort le lendemain. Le procès de Mitra Javanmardi, accusée d'homicide involontaire et de négligence criminelle, s'est poursuivi jeudi au palais de justice de Montréal avec le témoignage de la veuve et de la fille de la victime.

Les deux femmes sont venues raconter les dernières heures de Roger Mattern, mort le 14 juin 2008. La veille, en matinée, M. Mattern et sa femme, Denise, s'étaient présentés à la clinique de Mme Javanmardi à la recommandation d'un ami de la famille. Lors de la consultation, qui a duré une heure, M. Mattern a informé la naturopathe de ses problèmes de santé et des médicaments qu'il prenait. Il lui a aussi dit qu'il avait eu une opération cardiaque en 2003 et qu'il souffrait d'un problème pulmonaire.

Après la consultation, Mme Javanmardi a emmené M. Mattern dans la «salle de traitements» tandis que sa femme réglait la facture, qui s'élevait à 585$. Lorsqu'elle a rejoint son mari, il était seul et il avait une perfusion au bras.

«J'ai tenu pour acquis qu'elle avait le droit de donner ce traitement. Son entête commençait par "docteur", je lui faisais confiance», a-t-elle expliqué.

Lorsqu'elle s'est adressée à son mari, il lui a dit qu'il avait chaud. Elle lui a touché le front et a constaté qu'il était «brûlant». Elle est donc allée chercher Mme Javanmardi, qui a retiré l'aiguille du bras de M. Mattern. Il s'est alors mis à grelotter et à avoir froid. Mme Javanmardi a conclu à une réaction hypoglycémique et lui a fait boire du thé, ce qui a provoqué des vomissements. M. Mattern a ensuite perdu la parole et semblait désorienté.

Du repos et des smoothies

Appelée par sa mère, Gabrielle Mattern s'est rendue à la clinique. Elle a questionné Mme Javanmardi, qui portait une blouse blanche et avait un stéthoscope au cou, sur ses compétences médicales. La naturopathe a répondu qu'elle avait fait quatre ans d'études en médecine et que ses parents étaient médecins. Elle a également dit qu'elle avait injecté à M. Mattern un produit à base de magnésium.

Lorsque le trio a quitté la clinique, Mme Javanmardi a conseillé à M. Mattern de se reposer et de boire des smoothies.

Durant la soirée, Gabrielle Mattern a téléphoné deux fois à Mme Javanmardi pour lui dire que l'état de son père ne s'améliorait pas et lui demander s'il fallait le conduire à l'hôpital. Selon Gabrielle Mattern, Mme Javanmardi lui a répondu de ne pas paniquer, que son père avait besoin de repos.

Vers 3hdu matin, M. Mattern a été transporté à l'hôpital en ambulance. Il est mort vers 10h30.

En 1987 et 1990, Mitra Javanmardi s'est reconnue coupable de pratique illégale de médecine.

Le procès, qui se tient devant la juge Louise Villemure, reprend lundi matin.