Un résidant de Saguenay n'est pas resté indifférent du tout en entendant les propos du sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, qui disait que tous les assassins devraient avoir droit à une corde dans leur cellule.

Après avoir passé une nuit mouvementée à songer aux paroles du sénateur, Jacques McBrearty s'est rendu jeudi matin au bureau de la Sûreté du Québec pour déposer une plainte contre ces paroles qui, selon lui, inciteraient au suicide. Même si le sénateur s'est rétracté quelques heures après avoir fait ces déclarations qui ont suscité un tollé, M. McBrearty estime que M. Boisvenu est allé trop loin.

«Ce sont des propos qu'on ne permet pas dans une polyvalente, alors pourquoi est-ce qu'on punirait un acte quand une personne est adolescente alors qu'on l'encouragerait alors qu'elle est à l'âge adulte?», a affirmé M. McBrearty à La Presse.

L'homme de 26 ans a souffert d'une dépression en 2010. Au bord du gouffre, il a tenté de mettre fin à ses jours. Les propos de M. Boisvenu ont remué ses souvenirs et l'ont «profondément choqué».

«C'est un sénateur qui est sur la scène publique à peu près 16 heures par jour, 365 jours par année. Je tiens à ce qu'il mesure la pleine conséquence de pareils propos, que je considère odieux. Ça n'a aucune classe.»

Au cours des prochaines semaines, voire des prochains mois, les policiers de la Sûreté du Québec vont évaluer s'il y a matière à porter plainte. Si c'est le cas, ils vont soumettre un dossier à un procureur des poursuites criminelles et pénales, qui pourrait porter des accusations.

Des «centaines d'appuis» au sénateur

Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu a refusé de répondre aux questions des journalistes, jeudi. À sa sortie d'une réunion du comité sénatorial sur la justice, il s'est contenté de dire qu'il avait reçu des centaines d'appuis de gens qui approuvaient ses propos.

«Les commentaires que j'ai eus de 500 personnes, peut-être même 600, c'est qu'il y a eu une exagération médiatique et ensuite, ces gens-là disent que ce que M. Boisvenu a dit, c'est ce que les gens pensent, c'est tout. [...] Ceux qui m'ont écrit, la majorité, c'est des victimes», a-t-il déclaré.

Dans les couloirs du parlement, il se trouve peu de ses collègues pour défendre le sénateur.

«Tout le monde a le droit d'avoir son point de vue sur la peine de mort. Moi, je m'oppose à la peine de mort. Lui, il est en faveur», a dit le ministre des Anciens Combattants, Steven Blaney, le seul élu conservateur à avoir accepté, jeudi, de commenter les propos controversés.

Le sénateur Boisvenu s'est retrouvé dans l'embarras mercredi, sur la colline parlementaire, après avoir tenu des propos sur le suicide. «Moi, je dis toujours: dans le fond, il faudrait que chaque assassin (ait) le droit à sa corde dans sa cellule. Il décidera de sa vie», a-t-il déclaré.

Même s'il avait présenté ses excuses en après-midi, le sénateur Boisvenu a continué d'exprimer son opinion sur les meurtriers en série. «Il faudrait réfléchir. Qu'est-ce qu'on fait avec ces gens-là qui n'ont aucune possibilité de réhabilitation, qui vont être là presque à vie?», a-t-il mercredi soir dans un autre point de presse impromptu.

- Avec La Presse Canadienne