L'intervention policière musclée survenue le 27 janvier dernier lors d'une manifestation étudiante fera l'objet d'une enquête interne, a annoncé samedi le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Les images de cette intervention ont soulevé l'indignation de plusieurs internautes depuis sa diffusion sur le web, mercredi dernier. On y voit un policier, qui a plusieurs années d'expérience, bousculer un manifestant, puis le frapper. L'événement a eu lieu devant les bureaux du ministère de l'Éducation à Montréal. Environ 200 étudiants participaient à la manifestation. Selon le porte-parole du SPVM, Ian Lafrenière, les étudiants bloquaient l'accès des policiers à leurs véhicules. «Ça ne veut pas dire que l'utilisation de la force était justifiée», ajoute M. Lafrenière. Il précise que l'intervention montrée dans la vidéo s'est déroulée en retrait de la manifestation principale.

Le SPVM était au courant de cette intervention. La diffusion de la vidéo sur l'Internet a amené le service de police à réagir rapidement. Samedi, le chef du SPVM, Marc Parent, a ordonné la tenue d'une enquête interne. «Tous les policiers qui étaient présents lors de cette intervention seront rencontrés», a assuré Ian Lafrenière. Il explique que quatre aspects seront évalués par les enquêteurs soit la discipline, les procédures, l'emploi de la force et le côté criminel. «La vidéo nous donne une vision des choses. Les policiers qui étaient présents nous permettront d'en obtenir», indique Ian Lafrenière. Quant aux étudiants qui étaient présents, ils seront rencontrés, à condition qu'ils se manifestent. «Comme ce ne sont pas des gens qui ont été arrêtés, nous n'avons pas leur identité», note M. Lafrenière.

La Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), qui organisait la manifestation, doute de l'efficacité de cette enquête interne. «Ce type d'enquêtes internes manque définitivement de transparence, remarque Jeanne Reynolds, co-porte-parole de la CLASSE. La police qui enquête sur la police, peut-on vraiment se fier là-dessus?» Selon l'autre porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, les étudiants n'ont fait rien de plus qu'exercer leur droit de manifester. «Jusqu'à preuve du contraire, discuter avec un policier n'est contraire à aucun code de loi, donc pour nous, ce n'est absolument pas une raison pour que le SPVM intervienne de la sorte», fait valoir Gabriel Nadeau-Dubois, qui était présent à cette manifestation.

La CLASSE a indiqué que les étudiants impliqués ne comptent pas porter plainte, mais que s'ils décident de le faire, l'association les appuiera.