Un homme dans la trentaine a été abattu d'une balle au thorax tirée par un policier montréalais, jeudi, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. L'individu aurait d'abord tenté d'attaquer les policiers avec une machette ou un long couteau.

Le drame s'est produit tôt en matinée, sur le palier du deuxième étage d'un immeuble résidentiel de la rue Nicolet, près de la rue Ontario. Les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont répondu à un appel signalant la présence d'un individu muni d'une arme blanche qui menaçait de se suicider.

Selon Alen Abdelghani, un voisin de palier qui a été témoin de la scène, Jean-François Nadreau, 30 ans, aurait menacé un des policiers «en essayant de le frapper avec un long couteau». «Je ne saurais dire si c'était une machette ou un couteau, mais c'était gros», a-t-il indiqué à La Presse.

Au moins cinq policiers ont participé à l'intervention au deuxième étage de l'immeuble, affirme le témoin. Coincés dans un couloir étroit, sans possibilité de reculer sans débouler dans les escaliers, les policiers n'auraient pu faire autrement que de tirer sur l'homme armé lorsque celui-ci a levé son arme. «Il se trouvait à moins d'un mètre des policiers. Il n'y avait pas d'autre option, estime M. Abdelghani. Ça s'est passé très vite, je ne vois pas comment les policiers auraient pu lui tirer dans une jambe.»

«Les policiers lui ont crié de lâcher son arme, mais l'homme était comme en overdose, il semblait avoir pris de la drogue. C'était comme s'il n'entendait pas ce que les policiers lui disaient.»

Un seul coup de feu a été tiré par un des policiers. Deux femmes qui se trouvaient sur place ont été hospitalisées pour choc nerveux.

L'enquête a immédiatement été confiée à la Sûreté du Québec (SQ), comme c'est le cas lorsque des policiers sont impliqués dans une intervention menant à une mort. Le porte-parole de la SQ, Ronald McInnis, s'est montré avare de commentaires, refusant même de confirmer en matinée qu'il y avait eu mort d'homme. C'est un porte-parole d'Urgences-santé, Robert Lamle, qui a confirmé que l'homme a reçu un projectile au thorax. «Les ambulanciers ont constaté le décès après les manoeuvres de réanimation», a-t-il expliqué.

Soirée mouvementée  et querelle bruyante

Selon les témoins, Jean-François Nadreau fréquentait la locataire du logement depuis un peu plus d'an, mais n'y habitait pas à temps plein. «Il y a eu une fête avec de la musique mercredi soir. Puis à 7h ce matin (hier), j'ai entendu beaucoup de cris, comme une chicane. Ç'a duré une bonne demi-heure. Les portes claquaient», a expliqué la propriétaire de l'immeuble, Samira Harfoush, qui habite au troisième étage.

Selon elle, la dispute semblait concerner une affaire de coeur. «J'entendais une des filles crier: "T'es mon chum, je t'aime! "»

Le ministre réagit

L'homme abattu hier est la quatrième personne à périr sous les balles des policiers du SPVM depuis un an. Invité à réagir, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a fait valoir qu'il arrive que des opérations policières tournent mal. «Sur l'ensemble du territoire du Québec, on ne sent pas de violence policière, a-t-il déclaré. Il y a malheureusement, dans l'ensemble des interventions policières chaque année, des interventions qui tournent mal.»

Il a rappelé que l'enquête a été confiée à la SQ comme le veut la politique ministérielle, qui sera modifiée bientôt. Il a en effet déposé en décembre un projet de loi qui vise à créer un «bureau civil de surveillance des enquêtes» qui sont ordonnées par Québec lorsqu'une personne meurt ou subit de graves blessures dans le cadre d'une intervention policière. Cette mesure vise à éliminer les soupçons 

de partialité.

- Avec Tommy Chouinard

Photo tirée du profil MySpace

Jean-François Nadreau