Un jeune homme de 22 ans, François Hallée, a perdu la vie samedi soir dans un accident de la route, après que ses amis et lui eurent décidé de se laisser tirer par une corde derrière un camion. Le conducteur du camion, Alex Labbé, a comparu dimanche matin pour des accusations criminelles de conduite dangereuse ayant causé la mort et de délit de fuite.

L'accident s'est déroulé samedi soir vers 21h45, dans le 6e Rang à Saint-Benjamin, en Beauce. Quatre jeunes hommes prenaient alors part à un jeu dangereux, où un camion de type pick-up tirait un fauteuil et un traîneau à l'aide d'une corde. Une personne se trouvait sur le fauteuil, deux sur le traîneau, et une autre derrière le volant.

La balade a viré au drame pour les jeunes hommes. Le fauteuil et le traîneau zigzaguaient en effet derrière le camion, qui roulait en ligne droite dans le 6e Rang. Une voiture est alors apparue en sens inverse, percutant de plein fouet le fauteuil et son occupant.

Après l'impact, le conducteur du camion aurait quitté les lieux et laissé derrière lui ses trois amis. L'occupant du fauteuil, François Hallée, un homme de 22 ans de Saint-Georges-de-Beauce, a été transporté au centre hospitalier, où son décès a été constaté dans la nuit de samedi à dimanche. Les autres personnes impliquées dans l'accident n'ont pas subi de blessures importantes. Le conducteur de la voiture circulant en sens inverse est quant à lui demeuré sur les lieux en attendant les secours.

Le conducteur suspect dans cet accident, Alex Labbé, a été arrêté plus tard en soirée à Saint-Georges-de-Beauce par les policiers de la Sûreté du Québec. Il aurait fui la scène de l'accident en raison de la peur et de son état de choc.

Alex Labbé, un homme de 21 ans aussi résidant de Saint-Georges-de-Beauce, a comparu dimanche matin par conférence téléphonique. Il a dû répondre à des accusations criminelles de conduite dangereuse ayant causé la mort et de délit de fuite. Il sera de retour pour une nouvelle comparution ce matin au palais de justice de Saint-Joseph-de-Beauce.

Selon la Sûreté du Québec, l'alcool ne serait pas en cause dans cet accident. Des enquêteurs spécialisés en reconstitution de scène d'accident ont été dépêchés sur place pour tenter d'éclaircir les circonstances précises du drame.

Dimanche, plusieurs amis et proches de François Hallée se sont rendus sur les lieux de l'événement pour y déposer des fleurs et lui rendre hommage. «C'est dur. On a perdu un chum qu'on aimait bien», a regretté l'un d'eux, Yan Laflamme, à Radio-Canada.

D'après des amis de la victime, il ne s'agissait pas de la première fois où les jeunes adultes s'adonnaient à ce jeu sur la voie publique. «On pense toujours que ça arrive aux autres, a dit Yan Laflamme. On l'avait déjà fait... On l'avait fait sans trop penser.»

- Avec Radio-Canada

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Un dangereux dérivé du car-surfing

Le «couch-surfing» est un dangereux dérivé du «car-surfing», une activité pourtant déjà reconnue pour sa dangerosité. Plutôt que se hisser sur le dessus d'une voiture en mouvement, les amateurs de sensations fortes attachent un vieux divan après un véhicule et se font tirer à l'instar du ski nautique. À la différence près que l'aventure se termine la majorité du temps par la destruction de leur «monture» sous l'effet de la friction avec le sol.

Plusieurs vidéos circulent en ligne où de jeunes hommes se baladent assis ou même debout sur un divan jusqu'à la destruction de celui-ci. D'autres objets sont parfois utilisés, comme des brouettes ou des planches improvisées. Si tous les vidéos consultés en ligne se terminent par des éclats de rire, une étude américaine menée en 2008 révèle que ce sport improvisé est beaucoup plus dangereux que ce que laissent croire les clips réalisés à renfort de musique populaire. Le phénomène étant plutôt marginal, peu de statistiques existent, mais le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) a recensé entre 1990 et 2008 pas moins de 99 accidents de «car-surfing» dans lesquels une personne s'est blessée ou tuée en tombant d'un véhicule en mouvement.

En vérité, la majorité des «surfers» impliqués dans l'un de ces accidents s'est tuée en tombant, après s'être infligé d'importantes blessures à la tête. Les causes d'accidents les plus fréquentes sont des virages imprévus et un freinage brusque. Selon le CDC, l'amateur de «car-surfing» est généralement un jeune homme, âgé entre 15 et 19 ans. Le phénomène est apparu au milieu des années 1980 aux États-Unis. La popularité de cette pratique se propage autant par les nombreux vidéos diffusés en ligne que par le bouche-à-oreille. Un policier québécois craignait d'ailleurs hier que la médiatisation entourant l'accident de samedi en Beauce n'encourage d'autres téméraires à tenter l'aventure.

- Pierre-André Normandin, La Presse