Les boîtes noires du convoi de passagers de VIA Rail dans lequel trois personnes ont péri, dimanche après-midi, à Burlington en Ontario, ont été récupérées. Elles seront analysées même si elles ont été endommagées par le déraillement.

Selon le Bureau fédéral de la sécurité des transports (BST), le train de Via Rail était en train de changer de voie et roulait à près de 25 km/h lorsqu'est survenu l'accident mortel. Le BST a refusé d'élaborer des hypothèses sur la cause du déraillement.

Trois cheminots sont morts et 46 personnes ont été blessées dans le déraillement du train, survenu à 60 km au sud-ouest de Toronto.

Les six voitures d'un train passager en provenance de Niagara Falls ont subitement quitté leur voie vers 15 h 30, à mi-chemin dans leur voyage vers Toronto. La locomotive de tête a percuté de plein fouet un bâtiment industriel bordant les voies ferrées, tuant les trois mécaniciens qui se trouvaient à bord.

Les trains de VIA Rail sont habituellement pilotés par deux personnes, mais un triste hasard a fait qu'un stagiaire les accompagnait dans le cadre de sa formation. L'identité des victimes, originaires de l'Ontario, a été dévoilée lundi: il s'agit de Patrick Robinson, de Cornwall, de Peter Snarr et de Ken Simmonds, tous deux de Toronto.

«C'est tragique. Nous sommes une petite entreprise, une famille tissée serré. Nous connaissons tous les membres par leur nom, alors nous avons beaucoup d'empathie pour les victimes de cet accident», a déclaré John Marginson, chef de l'exploitation de VIA Rail.

Des 75 passagers à bord des voitures, 45 ont été blessés. Un des deux employés de VIA Rail affectés au service dans les voitures a également été blessé. Plusieurs personnes sont restées coincées longtemps à l'intérieur des décombres du train avant d'en être extirpées.

Des sources médicales ont indiqué que quatre personnes reposent dans un état grave, dont un enfant.

«Nous avons reçu une vingtaine de blessés. Les quatre cas les plus sérieux ont été transférés à Hamilton», a indiqué Mario Joannette, porte-parole de l'hôpital Jospeh Brant, de Burlington.

«Nous nous sommes placés en code orange, soit pour répondre à un désastre», a confirmé Jennifer Kramer, porte-parole des six hôpitaux de Hamilton. Trois des quatre blessés graves ont été héliportés. L'enfant gravement blessé est quant à lui arrivé par ambulance. Les blessés plus légers ont été envoyés en autocar à Mississauga, près de Toronto, pour être traités.

«Comme un écrasement d'avion»

«C'est comme si on avait frappé un obstacle sur la route et le train s'est mis à sauter jusqu'à ce qu'il tombe sur le côté», a confié au Hamilton Spectator une passagère, Hannah Lemke, 22 ans. «Tout s'est envolé dans le train et les gens criaient. Ça a semblé durer une éternité même si je suis sûre que ça a duré quelques secondes seulement. C'était la panique totale.»

«C'était comme un écrasement d'avion, a indiqué une autre passagère, Deanna Villella, 40 ans. Les voitures ont été complètement tordues et sont tombées sur le côté. C'était atroce.»

Des images aériennes permettent de constater que la locomotive de tête et la deuxième voiture semblent les plus endommagées, reposant sur le côté. Les quatre autres voitures ayant déraillé sont restées debout, mais deux d'entre elles sont en travers des voies. Trois des quatre voies traversant ce secteur ont d'ailleurs été endommagées, ce qui risque de congestionner le trafic ferroviaire. Déjà, dimanche, plusieurs trains ont dû faire demi-tour pour éviter ce secteur fréquenté.

L'accident est survenu dans un secteur industriel de Burlington, ville de 176 000 habitants en banlieue de Toronto. Il aurait pu avoir des conséquences encore plus fâcheuses puisque des résidences bordent les voies quelques dizaines de mètres plus loin. Une résidante s'est dite catastrophée par la scène du déraillement. «Je n'ai pas entendu le déraillement, mais je suis venue quand j'en ai entendu parler et c'est une scène digne de la Troisième Guerre mondiale», a indiqué Dorothy Beattie.

Les causes de l'accident restent à déterminer. Lors d'un point de presse sur les lieux de l'accident, le chef de l'exploitation, John Marginson, a toutefois écarté la météo comme cause du déraillement. «La neige, l'humidité ou la pluie, nous ne croyons pas que cela ait pu contribuer au déraillement», a-t-il indiqué. Il a ajouté que la locomotive qui propulsait le train avait fait l'objet d'une remise à neuf complète il y a un an à peine.

Deux enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports étaient sur les lieux dimanche et quatre autres enquêteurs s'y rendront aujourd'hui. «Ils vont chercher tous les documents et les données sur l'accident, l'état des rails et l'état du train. Il faut faire des entrevues avec les témoins», a indiqué Chris Krepski, porte-parole du BST. Il faudra environ un an pour produire un rapport sur le déraillement survenu dimanche après-midi. Lundi, les médias ont appris que le train faisait un changement de voie au moment de l'accident mortel.

La police enquête également sur cet accident, tout comme VIA Rail et le CN, propriétaire des voies où le déraillement s'est produit.