Moins de 24 heures après avoir qualifié de «bouffonnerie» la possibilité d'une enquête policière sur son administration, le maire de Saint-Constant a eu la surprise de voir l'Unité permanente anticorruption (UPAC) arriver chez lui pour une perquisition en bonne et due forme, mercredi matin.

Les policiers de l'escouade Marteau, bras armé de l'UPAC, ont frappé peu avant 9h chez le maire Gilles Pepin. Ils ont aussi fouillé à son entreprise d'évaluation, à la mairie, à l'immeuble des services techniques de la Ville et chez le fils du maire, qui agit à titre d'agent officiel de son parti.

Les policiers enquêtent notamment sur des allégations de financement électoral illégal.

La Presse a révélé en décembre dernier que l'UPAC avait ouvert cette enquête pour «abus de confiance». Mardi, M. Pepin a balayé ces informations d'un revers de main.

«C'était une belle bouffonnerie, ça. Il n'y a jamais personne qui m'a appelé», a-t-il dit.

Il jugeait impossible qu'une ville avec d'aussi bons indicateurs de performance que la sienne puisse être le théâtre de malversations.

Stupéfaction

Le maire avoue maintenant qu'il a été stupéfait en voyant la police fouiller ses papiers et sa voiture mercredi matin, mais affirme que c'est la conséquence logique de toutes les attaques à son égard par «une opposition malsaine».

«Est-ce que tu aurais imaginé autre chose, avec toute la bullshit puis la marde qu'ils nous passent, nos adversaires?», a-t-il demandé en regardant vers les policiers.

«Ils [les enquêteurs] peuvent bien chercher, ils ne trouveront rien, ce n'est pas fondé», a-t-il lancé.

«Parfois, on a des plaintes faites par des bouffons et il y a des gens qui embarquent dans leurs bouffonneries», a ajouté le maire, en précisant qu'il ne blâme pas les policiers eux-mêmes.

«Je pense que le ministre (des Affaires municipales Laurent) Lessard a une certaine responsabilité dans tout ce qui se passe, parce qu'on traite les élus comme les pires des bandits, alors que la majorité d'entre eux font très bien leur travail», dit-il.

Le maire et son fils sont déjà devant les tribunaux pour contester des constats d'infraction que leur a remis le Directeur général des élections du Québec pour des infractions à la loi électorale.

Déjà, en 2007, la Cour supérieure avait annulé l'élection du maire et de ses conseillers, car ils avaient largement dépassé les dépenses permises par la loi. Gilles Pepin avait toutefois été réélu en 2008 et 2009.

À l'Assemblée nationale, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, s'est contenté de dire que «l'UPAC fait son travail». La municipalité de Saint-Constant, elle, a assuré qu'elle collabore avec les enquêteurs et que les services à la population seront assurés.