À Montréal pour affaires, un recruteur d'une équipe de la LNH a été attaqué et battu sans raison par des inconnus dans le centre-ville, en janvier 2010. Lundi dernier, l'un des agresseurs, Toufik Lounnas, 24 ans, a été déclaré coupable de voies de fait graves dans cette affaire.

Lors de son procès, Lounnas a prétendu qu'il avait essayé de raisonner les agresseurs (ses copains) afin qu'ils lâchent la victime. Mais sa version alambiquée n'a pas résisté à l'analyse que la juge Lori Renée Weitzman a faite de la preuve. Un témoin oculaire a affirmé au procès que des quatre ou cinq agresseurs qui battaient la victime à coups de pied, Lounnas était le plus acharné. En frappant la victime étendue par terre, les agresseurs l'injuriaient en lui criant des choses comme «fils de pute», avec un accent européen, selon ce témoin.

Les événements se sont produits vers 0h30 le 23 janvier 2010. Mark Hillier, recruteur de hockey depuis 17 ans, marchait rue Metcalfe en direction de son hôtel quand quelqu'un lui a crié: «What's your problem?» M. Hillier a ensuite reçu un gros coup derrière la tête, au point où il pense qu'il a pu être frappé avec un bâton de baseball. Il s'est réveillé le lendemain matin, vers 10h, à l'hôpital. Il avait subi des fractures aux orbites, une grave commotion cérébrale et des coupures nécessitant des points de suture.

Sortie au club

Selon la preuve, Lounnas, un Algérien qui habite au Canada depuis 11 ans, s'est rendu au club Copacabana avec deux amis ce soir-là. Mais avant d'arriver, ils ont acheté du rhum et du Coca-Cola. Le but était d'entrer dans le club pour recevoir le tampon, et en ressortir pour aller consommer la boisson dans la voiture, ce qui coûtait moins cher. Les trois hommes ont aussi laissé leur manteau dans le coffre de la voiture pour économiser les 5$ du vestiaire.

Au cours de la soirée, Toufik Lounnas affirme qu'il est sorti seul à l'extérieur du club et qu'il a rencontré un Algérien du nom de Tarik et deux autres compatriotes. Content de rencontrer des Algériens, Lounnas les a invités à venir boire dans sa voiture, en écoutant de la musique de leur pays. Selon sa version, à un certain moment, Tarik est sorti de la voiture pour parler au téléphone. Ce faisant, Tarik s'est jeté sur un inconnu qui passait par là. Les deux autres amis sont sortis à leur tour. Lounnas dit être sorti lui aussi de la voiture, pour essayer en vain de retenir les agresseurs.

Le groupe a ensuite fui les lieux, en abandonnant la victime inconsciente au milieu de la rue, la voiture et une bouteille de rhum cassée après avoir été jetée par terre. Lounnas est retourné dans le club et en est sorti à 3h. Il a envoyé quelqu'un chercher la voiture, car il craignait d'être arrêté ou de «rencontrer les individus qui avaient si violemment battu la victime». Il admet n'avoir jamais appelé la police lui-même. C'est une femme qui passait par là qui a prévenu les policiers. À l'arrivée de ces derniers, la victime respirait, mais était inconsciente.

La juge Weitzman n'a pas cru le témoignage de l'accusé, qu'elle a qualifié de «non crédible et qui manque de logique».

Toufik Lounnas était libre et espérait le rester jusqu'au prononcé de la peine. Il voulait terminer ses études et obtenir son diplôme collégial. Mais la juge a ordonné qu'il soit incarcéré immédiatement. C'est une peine de prison ferme qui l'attend, a déjà annoncé la juge. Les parties se reverront le 10 mai pour les plaidoiries sur la peine. Lounnas est le seul à avoir été accusé. En ce qui concerne M. Hillier, il est resté marqué par cette attaque, aussi violente que gratuite. Il a encore des maux de tête et des étourdissements, et craint de marcher seul, malgré son travail qui l'amène à voyager beaucoup.