La sauce a tourné à l'aigre entre le nouveau restaurant Laurier et le chef vedette Gordon James Ramsay.

M. Ramsay vient d'intenter une poursuite de près de trois millions de dollars contre le restaurant, qui aurait mis fin unilatéralement à leur association, en février.  

L'association devait durer dix ans. Elle s'est terminée abruptement après six mois.

Dans la poursuite déposée à Montréal, le chef Ramsay réclame des sommes qu'il estime lui être dues, de même que d'autres qu'il aurait perçues si l'alliance s'était poursuivie.

Il réclame également des dommages moraux et punitifs de l'ordre de 500 000 $.

M. Ramsay dit avoir été l'objet de fausses allégations, et se plaint d'atteinte à sa réputation. Il cible Danny Lavy, propriétaire du restaurant enregistré sous la raison sociale 9226-7558 Québec Inc, et établi dans l'ancien Laurier BBQ, au 381, avenue Laurier.

L'entente conclue en juillet 2011 entre le restaurant et M. Ramsay stipulait que ce dernier prêtait son nom, ses recettes, et apportait un certain soutien au restaurant.

Le restaurant a ouvert en grande pompe en août dernier, en présence de l'exubérant chef Ramsay. Les choses se sont gâtées par la suite.

M. Lavy s'est plaint du manque de collaboration de M. Ramsay, et du fait que ce dernier ne comprenait pas le marché montréalais.

De plus, le chef Ramsay n'est jamais revenu pour mousser le restaurant. En février, dernier, le restaurateur a changé le nom du restaurant «Laurier Gordon Ramsay», pour «Laurier 1936», et a cessé sa collaboration.

Dans sa poursuite, M. Ramsay signale qu'il est l'un des chefs les plus reconnus sur la planète, et affirme que son nom est associé à 21 restaurants dans le monde, soit onze au Royaume-Uni, et dix dans d'autres pays.

Selon M. Ramsay, le Laurier Gordon Ramsay a connu un grand succès dès son ouverture et après.

Entre le 10 août 2011 et le 15 janvier 2012, les ventes s'élevaient à 2 330 110 $, avec des ventes nettes (selon leur entente) de 2 300 902 $.

De son côté, M. Lavy se serait plutôt plaint de pertes substantielles en raison des actes ou des omissions de M. Ramsay.

M. Ramsay affirme avoir rempli sa part d'obligations et même plus. Ainsi, il dit s'être arrangé pour fournir un chef consultant (Andi van Willigan) dans les premières semaines de l'ouverture du restaurant.

M. Ramsy rappelle qu'il était à l'ouverture et qu'il a donné de nombreux interviews à différents médias. Il estime avoir aussi aidé à la publicité, en mettant un lien vers le restaurant montréalais, sur son site internet et en envoyant des tweets sur son compte Twitter.

En ce qui concerne les fausses allégations, M. Ramsay parle d'une entrevue publiée dans le journal The Gazette en février dernier.

M. Lavy disait que M. Ramsay était trop occupé pour venir au restaurant, qu'il ne comprenait pas ce qui était important pour eux, qu'il ne comprenait pas leur vision, qu'il n'y avait jamais eu de plat «wow», juste «quelques ajustements à des plats déjà existants.»

M. Lavy reprochait aussi à M. Ramsay de ne pas s'être présenté à l'émission Tout le monde en parle.

Parmi les réclamations de M. Ramsay, on remarque une somme de 109 121 $, qui représente selon lui les redevances pour la licence de 2011.

Il évalue à environ 2 millions la perte de redevances que lui vaudra le bris de l'entente. Il demande aussi un peu plus de 23 000 $ pour ses visites au restaurant de la rue Laurier.

La Presse a tenté sans succès de joindre M. Lavy mercredi.