Convaincu à tort que sa femme lui avait menti sur sa virginité pour se marier avec lui, Kassou Hammou Khales l'a torturée durant des semaines, allant même jusqu'à lui brûler les parties intimes avec une tige d'acier.

Ce drame ne s'est pas déroulé à l'autre bout de la planète, mais bien ici, à Montréal, l'automne dernier. Hier, au palais de justice de Montréal l'homme de 39 ans a plaidé coupable aux accusations les plus graves qui pesaient sur lui.

Manifestement dégoûté par le récit détaillé des sévices que l'accusé a infligés à sa femme, le juge Claude Parent a même interrompu la procureure de la Couronne au beau milieu de son résumé des faits. «C'est correct, j'en ai assez entendu à ce stade-ci», a lancé le magistrat.

Debout dans le box des accusés, Khales, qui était enseignant au Maroc mais qui gagne sa vie comme chauffeur de taxi à Montréal, est resté impassible.

Mariés depuis 10 ans, l'homme et la femme sont venus vivre au Québec en 2005. Leurs pères sont cousins, mais ce n'était pas un «mariage arrangé», a précisé la procureure de la Couronne, Me Sylvie Lemieux. Une fois établi ici, le couple a eu deux enfants.

En août dernier, toute la famille est allée au Maroc pour les vacances. C'est à ce moment que l'accusé entend une rumeur selon laquelle sa femme aurait eu une relation sexuelle avec un autre homme à l'âge de 16 ans. C'était bien avant leur mariage. Il se sent trahi, déshonoré.

Ce n'est qu'une fois de retour à Montréal que l'accusé questionne sa femme. Elle nie vigoureusement. Elle lui jure qu'elle était «pure» au moment de leur mariage. Il ne la croit pas.

Chaque soir, durant près de deux mois, l'accusé la torture pour la forcer à avouer: brûlure au troisième degré au vagin à l'aide d'une broche servant à faire cuire le poulet shish-taouk, autres brûlures avec un poêlon chauffé sur la cuisinière, multiples coups de poing et coups de couteau.

Soir après soir, la mère de famille s'empêchera de crier pour ne pas réveiller les enfants, de peur que son mari ne s'en prenne aussi à eux. L'accusé enregistre même ses séances de torture dans le but de lui soutirer des aveux. Il veut pouvoir envoyer à sa famille, au Maroc, la preuve qu'elle l'a déshonoré.

La victime finit par avouer dans l'unique but que la torture cesse, a indiqué Me Lemieux, hier. Or, la violence ne cesse pas, elle s'intensifie.

Le 21 octobre dernier, l'accusé a menacé de tuer les enfants. Pour la victime, c'en était trop: elle a porté plainte à la police. Les policiers l'ont conduite à l'hôpital, où un médecin a constaté des lésions sur pratiquement tout son corps.

M. Khales s'est reconnu coupable de voies de fait graves, de menaces de mort et d'avoir agressé sexuellement sa femme. L'accusé est défendu par Me Alexandre Bergevin. Ce dernier a demandé que son client subisse une évaluation sexologique. Les plaidoiries sur la peine se tiendront le 29 octobre.