James Wilcox a été malhonnête en cachant qu'il était porteur du VIH à un partenaire rencontré dans un sauna gai de Montréal. Il devrait être condamné à deux ans de pénitencier, a plaidé la poursuite, mercredi, au moment des plaidoiries sur la peine.

L'Américain de 48 ans a été reconnu coupable en août dernier d'agression sexuelle grave. Le juge Louis A. Legault n'a pas retenu la défense de l'accusé, qui soutenait que, dans les saunas gais, les rapports sexuels non protégés entre inconnus sont une pratique courante. Du coup, ceux qui les fréquentent consentent de manière «implicite» ou «tacite» à courir le risque de contracter le VIH, selon la thèse de la défense.

Si le risque de contracter le sida laisse indifférents certains hommes qui fréquentent les saunas, ce n'était certainement pas le cas de la victime de Wilcox, a tranché le juge Legault en août dernier. Si elle avait su, la victime n'aurait jamais eu de relations sexuelles non protégées avec l'accusé, selon le magistrat.

Wilcox démontre une certaine empathie pour sa victime, selon le rapport de l'expert chargé d'évaluer l'accusé. Il ne reconnaît toutefois pas sa responsabilité criminelle dans ce qui est arrivé, a plaidé la procureure de la Couronne, Me Sophie Lamarre, en se basant sur ce rapport. Ce rapport d'expert est assez positif, a d'ailleurs reconnu la poursuite. Le risque de récidive de Wilcox est faible. Il n'avait pas d'antécédent judiciaire.

De son côté, la défense a suggéré une peine à purger dans la communauté. Wilcox a été capitaine dans la réserve de l'armée américaine durant 12 ans. «Cela démontre son sens de la loyauté», a expliqué son avocat, Me Jeffrey Boro.

Son client ne fréquente plus les saunas gais. Il est en couple depuis deux ans avec le même homme, a souligné l'avocat. À l'époque, il venait passer quelques mois de vacances par année au Canada. Il a toujours le statut de visiteur. Actuellement propriétaire d'une petite entreprise d'informatique, il pourrait bien être expulsé vers les États-Unis après avoir purgé sa peine. La défense a interjeté appel du verdict de culpabilité.

La victime a contracté le virus en juillet 2005, après avoir rencontré Wilcox au sauna Oasis, au coeur du Village gai. Le soir de leur rencontre, ils ont eu une relation protégée au sauna. La victime, qui a terminé la soirée chez l'accusé, dit avoir été ensuite sodomisée sans condom alors qu'elle n'y consentait pas.

L'accusé se savait porteur du VIH depuis 2003. Or, il n'en a pas averti son partenaire. Il appelait cela son «sale petit secret» (dirty little secret). Plusieurs mois après leur relation non protégée, en mai 2006, la victime a appris qu'elle avait contracté le virus.

Le juge Legault rendra sa sentence le 5 juin.