La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a indiqué mercredi avoir mis la main sur 43,3 tonnes métriques de haschich devant transiter par les ports de Montréal et de Halifax, une saisie dont la valeur est estimée à 860 millions $.

L'enquête baptisée «Celsius» a débuté à la suite de la découverte de drogue dans des conteneurs aux ports de Montréal et Halifax en 2009 et en 2010.

Huit personnes originaires de Montréal, de la Montérégie et des Laurentides ont été appréhendées et une neuvième personne originaire de Gatineau est recherchée. Plusieurs des suspects ont comparu mercredi. Tous font face à des accusations de complot, importation et possession de stupéfiants en vue d'en faire le trafic.

Trois des accusés étaient des employés de la compagnie oeuvrant au terminal Cast au Port de Montréal, soit deux inspecteurs et un gardien de sécurité, a expliqué le sergent d'état-major André Potvin, de la GRC.

«Lorsqu'un conteneur suspect arrivait à Montréal, une transmission était envoyée au télécopieur d'un hôtel local. L'un des suspects récupérait alors celle-ci et mettait en marche les mesures pour faire sortir le conteneur auprès de la compagnie maritime et prendre possession de façon légale de la marchandise illicite», a-t-il précisé.

Les enquêteurs ont rapidement découvert que quelque chose ne tournait pas rond.

«Plusieurs irrégularités aux procédures et aux contrôles obligatoires avaient été observées», a raconté le sergent Potvin, qui a décrit un stratagème somme toute assez simple pour des criminels ayant infiltré des postes clés.

«Le dernier point avant que les conteneurs puissent sortir et être distribués - on ne parle pas seulement des conteneurs de drogue, mais aussi des conteneurs de marchandises qui sont légitimes - c'est la guérite sécuritaire. Donc, si on a un ou deux vérificateurs sur le côté interne, côté Port, qui disent «celui-là, c'est beau, c'est vérifié» - alors qu'il n'a pas été vérifié -  ou quelqu'un dit «celui-là tu le laisses passer', c'est comme ça que ça se passait.»

Les conteneurs transportant la drogue pouvaient ainsi être recueillis sans être soumis à aucun contrôle.

Le réseau était relié au Gang de l'Ouest mais les policiers ne croient pas que l'ensemble de la drogue était destinée au marché montréalais.

La grande quantité saisie laisse plutôt croire que l'ensemble de l'Amérique du Nord et même d'autres marchés internationaux étaient visés par les trafiquants, ce qui inquiète le surintendant principal de la GRC, Gaétan Courchesne.

«Je me réjouis du succès de cette opération mais, d'un autre côté, je me questionne sur l'état de la situation que je considère préoccupante, a-t-il déclaré. Si ces organisations tentent d'importer de la drogue en si grande quantité, nous pouvons conclure que la demande existe et que les consommateurs sont nombreux.»

Il a d'ailleurs ainsi illustré l'ampleur de la rafle: «La quantité de drogue que nous avons saisie aurait pu générer plus de 43 millions de doses vendues dans la rue. Cela représente plus de sept doses par habitant du Québec, toutes catégories confondues.»

L'organisation criminelle impliquée s'approvisionnait principalement au Pakistan.

Certains conteneurs ciblés ont été saisis au Pakistan tandis que d'autres ont été interceptés en cours de route, notamment en Italie et en Belgique.

Toutes les saisies ont eu lieu entre l'automne 2009 et octobre 2010 mais les arrestations n'ont eu lieu que cette semaine en raison de la durée de l'enquête qui a permis de démanteler le réseau et accumuler les preuves suffisantes.