Cinq fois moins dure, cinq fois moins longue, mais cinq fois plus d'arrestations: la manifestation contre le Salon Plan Nord d'aujourd'hui n'avait rien avoir avec l'émeute d'hier, mais une erreur tactique des manifestants l'a transformée en pêche miraculeuse pour le SPVM.

Les policiers de Montréal ont arrêté 90 personnes qui manifestaient ce samedi aux abords du Palais des Congrès de Montréal, où se tient le Salon Plan Nord depuis hier. Ils s'étaient engagés sur un balcon de l'édifice de la Caisse de dépôt, croyant pouvoir redescendre un peu plus loin.

Mais la seule issue se trouvait derrière eux et a été rapidement bloquée par les forces de l'ordre. Ceux-ci n'ont eu qu'à les cueillir un à un et à les placer à bord de deux autobus de la STM loués pour l'occasion. Ils ont tous été arrêtés pour attroupement illégal.

Ils ont été fouillés et leurs effets personnels ont été placés dans des sacs de plastique, a indiqué Daniel Lacoursière, du SPVM. La plupart d'entre eux semblaient âgés dans la vingtaine, mais au moins un homme de plus de 40 ans était du nombre. Une enquête est en cours pour vérifier si d'autres actes criminels ont été commis.

Deuxième journée de débordements

Après les étudiants, c'était au tour de groupes indépendantistes et de militants autochtones de faire entendre leur mécontentement. Le Réseau de résistance du Québécois (RRQ), réputé pour ses positions dures, était notamment de la partie. Ils ont toutefois rapidement été rejoints par des militants masqués qui ressemblaient à s'y méprendre aux émeutiers d'hier.

Les manifestants, regroupés devant quelques entrées, ont d'abord chahuté chaque visiteur qui voulait entrer. «Mort au Plan Nord!», ont scandé les protestataires.

Les militants du RRQ ont lancé des centaines d'arachides devant une entrée du Palais des Congrès, en référence aux «pinottes» que versent selon eux les minières au trésor public. Le dirigeant du groupe nationaliste, Patrick Bourgeois, avait promis une journée plus calme que celle d'hier. «Nous, on a déjà dit que la limite, c'était la désobéissance civile», a-t-il expliqué. «Avec ce qui est arrivé hier, les esprits se sont tout de même calmés.»

Une quarantaine de minutes après le début de l'événement, les policiers antiémeutes ont repoussé les manifestants vers la place Jean-Paul-Riopelle, débloquant du même coup l'entrée principale du Salon. La manifestation a été qualifiée d'attroupement illégal par la police. La scène a donné lieu à beaucoup d'altercations, mais peu d'affrontements physiques.

«En partant, des manifestants ont tenté de déborder les policiers pour tenter de rentrerà l'intérieur du Palais des Congrès. Et avec l'historique d'hier...», a expliqué le porte-parole policier Daniel Lacoursière.

Une arrestation a eu lieu au cours de l'intervention. Un homme de 24 ans aurait refusé d'obtempérer aux ordres des policiers. Cette arrestation porte le nombre total de personnes arrêtées à 90 au cours de l'événement.

Après une trentaine de minutes de face-à-face, un important groupe de manifestants s'est mis à marcher dans les rues du centre-ville, exactement comme hier : de petites boucles dans les rues du centre-ville, revenant toujours au Palais des Congrès.

À au moins une occasion, les quelque 150 manifestants auraient pu pénétrer dans le palais des congrès. Ils ont toutefois rebroussé chemin après seulement quelques mètres, inquiets d'y être piégés par des policiers. «On casse rien», a crié un manifestant qui souhaitait entrer. Il a finalement rebroussé chemin avec les autres.

Hier, une manifestation étudiante a tourné à l'émeute en après-midi. Une centaine de militants ont réussi à s'introduire dans le palais des congrès par une porte de stationnement. Repoussés hors de l'édifice, puis rejoints par des renforts, ils ont passé l'après-midi à affronter la police autour du Palais. Dix-huit personnes ont finalement été arrêtées.