L'hélicoptère de TVA s'est écrasé ce matin à Montréal. L'appareil s'est abîmé vers 7h40 en bordure de l'autoroute Bonaventure, près de la sortie menant au Technoparc. Deux personnes ont été blessées dans l'accident, soit le pilote Antoine Léger et le journaliste Réjean Léveillé.

Réjean Léveillé s'en tirerait avec une fracture du bassin, tandis que le pilote aurait subi une fracture au niveau du dos. Sur le parvis de l'Hôpital général de Montréal, le docteur Jean-Marc Troquet a assuré que les victimes allaient s'en sortir. Il a salué le travail des premiers répondants, notamment pour avoir réchauffé les victimes durant les opérations de sauvetage. Ces manoeuvres ont contribué à prévenir le journaliste piégé contre les risques d'hypothermie. «C'est un accident extrêmement majeur. Ils ont eu beaucoup de chance!», laisse tomber le docteur Troquet.L'appareil s'est écrasé au fond d'un petit fossé devant les studios Mel's. Un problème mécanique semble à l'origine de l'accident. Le pilote possède près de 12 ans d'expérience.

Le Bureau de la sécurité des transports du Canada a dépêché deux enquêteurs sur les lieux. «On évalue la situation pour déterminer si une enquête approfondie est nécessaire», explique le porte-parole de l'organisme, John Cottreau.

Rencontré sur place, un des enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports amorçait son travail. «L'impact a été très très sévère. Il pourrait s'agir d'un bris mécanique. On va documenter la scène et prendre des photos. L'appareil sera ensuite transporté dans nos laboratoires», explique Denis Deroy.

Selon lui, l'hélicoptère de TVA est un bon appareil de marque Robinson R44.

Le froid pourrait-il expliquer les ennuis mécaniques à l'origine de l'affaire? «C'est une possibilité», indique M. Deroy.

Une pale de l'hélicoptère a été retrouvée un peu plus loin de la scène de l'accident, perchée dans un arbre, entre le fleuve et l'autoroute Bonaventure.

Journaliste coincé

Il a fallu 45 minutes pour dégager le journaliste Réjean Léveillé de sa fâcheuse position, avant son transport à l'hôpital. Les secours ont dû faire preuve de minutie, puisque la carcasse de tôle enveloppait le journaliste et chaque morceau a dû être découpé avec délicatesse, explique le chef aux opérations du Service incendie de Montréal, Luc Robillard.

 

Selon Benoit Garneau, superviseur chez Urgences-Santé, il était conscient de tout ce qui se passait tout au long des opérations. Des appareils de chauffage portatifs ont été transportés sur place pour réchauffer la victime durant ces opérations, qui se déroulent dans un froid sibérien, d'autant plus que le fleuve s'étend à quelques pieds de la scène.

Témoins de la scène

Serge Gagné a assisté en direct à l'écrasement de l'hélicoptère. Le menuisier tirait des joints au troisième étage des studios de cinéma. Par un grande fenêtre de la pièce où il travaillait, il a vu l'appareil descendre à vive allure dans le fossé. «Je regardais dehors, l'appareil semblait en détresse. Il voulait descendre, mais allait trop vite. J'ai vu un gros nuage de neige quand il a atterri. Après l'écrasement, j'ai vu un bras sortir de la carcasse», raconte M. Gagné, qui a appelé le 911 en premier. «Tu ne souhaites pas voir des choses comme ça, mais je l'ai vu», ajoute le menuisier.

Un de ses confrères, le directeur de l'éclairage Yannick Tremblay, a quant a lui volé au secours des passagers. «Je suis sorti avec le défibrillateur et un masque d'oxygène. Les premiers répondants n'étaient pas encore arrivés», explique le jeune homme, qui a d'abord pensé qu'une scène de cinéma se jouait devant ses yeux.

Un des passagers, vraisemblablement le pilote, est sorti lui-même de l'appareil, sur ses pieds. «Il disait qu'il avait mal et avait une lacération au visage. On a déposé sur lui une couverture. On ne voyait pas l'autre passager, les pompiers ont dit de reculer pour prévenir les risques d'incendie», indique M. Tremblay.

Le propriétaire des studios Mel's, Michel Trudel, venait tout juste d'arriver dans le stationnement du complexe lorsque l'accident est survenu. «J'ai vu une voiture arriver en trombe, je me suis tourné et j'ai perçu l'hélicoptère avec le logo de TVA», explique M. Trudel.

Ensuite tout s'est passé très vite, enchaîne celui qui s'est précipité sur les lieux de l'accident flanqué de trois employés. «Le pilote était sorti. En trois minutes, les secours étaient là», ajoute le propriétaire, qui connaît bien Réjean Léveillé. «C'est un ami, je suis très heureux qu'il s'en sorte», confie-t-il.

Selon M. Trudel, l'hélicoptère voulait sans doute se poser sur l'«hélipad» des studios, à 65 mètres du lieu de l'accident. L'appareil de TVA se pose régulièrement à cet endroit, mais demande l'autorisation au préalable. Sauf advenant un atterrissage d'urgence. «Aujourd'hui, ils n'ont pas demandé d'autorisation», souligne Michel Trudel.

Le journaliste Réjean Léveillé n'en est pas à ses premières émotions fortes. Il a assisté presque en direct à l'effondrement du viaduc de la Concorde en 2006. La Presse l'avait interrogé à ce sujet à l'époque. «J'ai vu un nuage de poussière dense. J'ai appelé mon patron pour lui dire: "le viaduc est à terre!" Je ne le croyais pas», avait raconté M. Léveillé.

Cet accident rappelle également l'écrasement d'un autre hélicoptère survenu en août dernier à Mont-Laurier dans les Laurentides. Cette tragédie avait coûté la vie au pilote et au caméraman de CTV, qui survolaient la région au lendemain d'une puissante tornade.

L'hélicoptère, aux prises avec une panne de moteur, avait tenté, en vain, d'atterrir d'urgence à l'aéroport régional.