Une fuite dans un conduit reliant la raffinerie Suncor à un quai a provoqué le déversement de milliers de litres de diesel dans le fleuve Saint-Laurent, vis-à-vis de l'est de Montréal, dans la nuit de mardi à hier. La nappe a été contenue par des estacades posées par les employés de la raffinerie.

«L'impact du déversement est limité, puisqu'on l'a confiné rapidement», explique Hélène Proteau, porte-parole d'Urgence-Environnement. Selon la compagnie Suncor, 5500 litres de diesel se seraient déversés dans le fleuve. «Rien n'indique que des dommages ont été causés à la faune», a précisé hier après-midi en conférence de presse Bruno Francoeur, vice-président de la raffinerie Suncor.

L'entreprise a tenu à offrir ses excuses à la population, tout en assurant que jamais la santé des résidants n'avait été compromise. L'incident d'hier a cependant irrité les responsables de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles et, au premier chef, la mairesse Chantal Rouleau, qui a dénoncé l'«opacité» de l'entreprise. «Sur le plan de la communication, ç'a été une déception profonde, dit Mme Rouleau. On manquait d'informations, la compagnie disait une chose, les gens sur place disaient autre chose.»

Du côté de Suncor, on assure avoir avisé les responsables locaux concernés, c'est-à-dire ceux du service des incendies. Les opérations de nettoyage se poursuivront aujourd'hui pour pomper le carburant dans l'eau. On espère récupérer plus de 5000 des 5500 litres déversés. Par mesure de précaution, les estacades vont rester en place encore quelques jours.

Fortes odeurs

Mardi soir, des citoyens ont appelé les autorités pour signaler de fortes odeurs de pétrole dans l'air. Aucune évacuation n'a été nécessaire. Alertés à 22h22 mardi soir, les pompiers de Montréal ont vite été dépêchés sur les lieux. Chez Suncor, on assurait hier que les équipes d'urgence de la raffinerie étaient déjà à pied d'oeuvre depuis 21h et tentaient de repérer la fuite.

Les barrages flottants ont été installés vers 2h30 hier matin. On ne savait toujours pas en fin de journée lequel des quatre conduits reliant la raffinerie aux docks était responsable de la fuite. Les tuyaux ont été vidés de leur carburant, qu'on a remplacé par de l'eau.

Sur place, des équipes d'Urgence-Environnement Québec et d'Environnement Canada ont surveillé la situation de près. Selon la classification des interventions, ce déversement est considéré de catégorie 1, la moins grave puisque les impacts sont mineurs et facilement contrôlables.

La plupart des voisins interrogés prenaient l'événement avec un grain de sel. «Ça fait 32 ans que je vis dans l'est de Montréal, ç'a toujours senti le pétrole», souligne l'un d'eux.

Gaétan Girard et son fils Patrick se sont toutefois montrés préoccupés par le déversement. «On voit ce qui s'est passé dans le sud des États-Unis, alors des histoires comme celle-là dans notre cour, ce n'est pas plaisant», explique Patrick Girard. «Ça sentait fort hier (mercredi) soir et on a vu un paquet de pompiers arriver. Je pensais qu'un camion s'était renversé», ajoute son père.

Bon an, mal an, il se produit chaque année entre 150 et 200 déversements de produits pétroliers dans le Saint-Laurent, selon Environnement Canada. Cinquante-six pour cent de ces incidents se produisent dans les ports de Montréal et de Québec. Le dernier déversement d'importance à Montréal s'est produit en avril 2003, quand plus d'un million de litres de paraxylène, un produit toxique utilisé dans la fabrication de plastique, se sont écoulés d'un réservoir loué par Ultramar à la compagnie pétrochimique Coastal. L'incident n'a été dévoilé que cinq ans plus tard.

Le 12 juillet dernier, un bateau appartenant à Canada Steamship Lines, le Richelieu, a largué entre 50 000 et 100 000 litres de carburant bunker dans la Voie maritime du Saint-Laurent, à la hauteur de Sainte-Catherine.