C'était l'heure des bilans mercredi, au lendemain de la quinzième manifestation contre la brutalité policière, qui s'est soldée par l'arrestation de 258 personnes.



D'un côté, le Service de police de la Ville de Montréal vante leur intervention rapide et efficace. De l'autre, le Collectif opposé à la brutalité policière dénonce vivement le sabotage orchestré par les forces de l'ordre.

L'habituel jeu du chat et de la souris entre les protestataires et les policiers n'aura en tout cas pas duré longtemps dans les rues du centre-ville mardi.

Les policiers ont sonné la charge moins d'une heure après le début de la manifestation, lorsque les choses commençaient à tourner au vinaigre sur la rue Saint-Denis. Environ 300 personnes se sont alors fait prendre en souricière. Sur les 258 personnes arrêtées, 239 l'ont été pour avoir entravé la circulation, contre une demi-douzaine pour des infractions au Code criminel.

Malgré le nombre élevé d'arrestations, un peu de casse et trois blessés mineurs -deux policiers et une citoyenne- l'opération est un succès aux yeux du Service de police de la Ville de Montréal. «Dès que des actes criminels ont été commis, on a décidé d'interrompre la manifestation. Selon nos échos, il y a aujourd'hui des commerçants très heureux de notre travail», a souligné mercredi matin Philippe Pichet, inspecteur à la Division de la planification opérationnelle.

La porte-parole du Collectif opposé à la brutalité policière, qui a rencontré mercredi les médias sur le parvis de l'hôtel de ville, ne partageait pas cet optimisme. Selon Sophie Sénécal, les manifestants ont été victimes d'un «sabotage dégueulasse» de la part des policiers. Aux yeux du COBP, l'arrestation de la presque totalité des manifestants pour avoir entravé des règlements en vertu du Code de la route est tout simplement absurde et anti-démocratique. «Forcément, une manifestation, ça perturbe la voie publique et ça entrave la circulation. On s'inquiète énormément de l'avenir du droit de liberté d'expression à Montréal», a plaidé Sophie Sénécal.

Le COBP a l'intention de déposer une plainte en déontologie policière pour dénoncer ces arrestations massives. Selon la police, les manifestants ont été sommés de quitter les lieux à plusieurs reprises, avant d'être mis en état d'arrestation. «On a ainsi  filtré beaucoup de commerçants et de citoyens qui se trouvaient parmi les manifestants. Les autres ont voulu rester là», a expliqué l'inspecteur Pichet. Pour ce qui est de l'offensive rapide des policiers, l'inspecteur semble dire qu'il est impossible de plaire à tout le monde. «Soit qu'on attend trop ou soit qu'on est trop vite», a-t-il résumé.

Le COBP a vivement dénoncé l'arrestation de quelques organisateurs avant même le début de la marche. «Et la raison pour laquelle on a arrêté ces gens là, c'est qu'ils avaient des pancartes, sous prétexte qu'ils avaient des bâtons », a dénoncé Mme Sénécal.

Selon la police, le COBP est le seul organisme à refuser de fournir aux policiers l'itinéraire de la marche. Illégale cette manifestation donc? Théoriquement oui, semblait dire mardi le SPVM. «Mais notre rôle est de permettre la manifestation, même on sait qu'il peut y avoir des dérapages. On va procéder à des arrestations au besoin», prévenait l'inspecteur-chef Sylvain Lemay. L'an dernier, la manifestation avait coûté environ 500 000$ aux contribuables, en coût pour les effectifs déployés. Une centaine de manifestants avaient été arrêtés.

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

Un homme fait face aux policiers lors de la manifestation contre la brutalité policière.