Les deux tiers des Québécois jugent que les conducteurs québécois sont agressifs, révèle un récent sondage Léger Marketing. Et moins d'un cycliste sur deux se sent en sécurité sur les routes de la province.

Pour les Québécois craintifs au volant, la vitesse des automobilistes est la première cause d'insécurité routière. Chez les personnes à vélo ou à pied, c'est la deuxième raison évoquée. «Il y a un consensus social contre l'alcool au volant, mais pas contre la vitesse. Il y a un gros travail à faire là-dessus», indique Jean-Marie de Koninck, président de la Table québécoise de la sécurité routière.

Le rapport d'étude préparé par Léger Marketing pour la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ) s'intitule Les Québécois et la courtoisie sur la route. Il a été obtenu par La Presse en vertu de la loi d'accès à l'information.

«C'est un sondage post-campagne, indique Gino Desrosiers, porte-parole à la SAAQ. Il mesure certaines tendances ou comportements en lien avec le thème.»

Près de neuf répondants sur dix considèrent que la courtoisie est un «problème important» sur les routes du Québec. Seulement 43% des répondants trouvent que les automobilistes sont courtois, et deux personnes sur trois jugent qu'« ils sont agressifs sur les routes». «Mais peu d'entre eux avouent poser des gestes disgracieux», soulève le rapport. Même que plus de trois conducteurs sur quatre se félicitent d'avoir cédé le passage à un autre usager de la route.

M. de Koninck rappelle que pour beaucoup d'automobilistes québécois, «ce sont les autres qui conduisent mal». «Il y a un comportement paradoxal. Les gens disent que rouler vite est dangereux, mais eux-mêmes roulent vite.»

C'est la même chose pour l'alcool au volant, poursuit le président-fondateur d'Opération Nez rouge, faisant référence à un article paru dans nos pages le week-end dernier. « Pour 97% des Québécois, l'alcool au volant est intolérable, mais 12% des Québécois avouent prendre leur véhicule après avoir bu, déplore-t-il. C'est typique de la nature humaine, mais c'est dominant au Québec.»

Jean-Marie de Koninck se réjouit que la sécurité routière soit devenue un enjeu de société, autant pour la SAAQ, les corps policiers que pour le ministère des Transports. «Tout le monde veut intervenir dans le même sens, mais il reste des récalcitrants derrière le volant.»

«C'est pour cela qu'on parle de responsabilité routière, commente Lise Tourigny, chef de service des usagers de la route à la SAAQ. De penser que ce sont les autres qui sont responsables, et non soi, c'est dépersonnalisant.»

Des cyclistes dangereux, mais craintifs...

Selon le sondage Léger Marketing, les Québécois ont une meilleure opinion des cyclistes et des piétons, qui ont des «taux de courtoisie» respectifs de 51% et 64%.

Le sondage souligne que les Montréalais sont plus dérangés par les piétons qui ne traversent pas les rues au bon moment ou au bon endroit. En vélo, c'est plutôt le non-respect du Code de la sécurité routière qui dérange.

Selon M. De Koninck, «il y a un travail à faire avec les cyclistes». «Il y en a qui n'arrêtent pas aux feux de circulation. C'est incroyable.»

Près du tiers des répondants considèrent que les cyclistes sont dangereux sur les routes. Mais à l'inverse, la moitié des cyclistes ne se sentent pas en sécurité en roulant sur les routes de la province.

«C'est le comportement des automobilistes qui insécurise le plus les cyclistes, indique Patrick Howe, porte-parole de Vélo Québec. C'est un facteur plus important que l'absence des pistes cyclables.»

M. Howe rappelle aussi que «les cyclistes affichent le meilleur bilan routier». Bon an mal an, de 15 à 20 personnes meurent à vélo chaque année au Québec, contre environ 100 piétons et 550 automobilistes.

Et la cause première de la mort des cyclistes? «La consommation d'alcool et la vitesse des automobilistes», souligne-t-il.

Patrick Howe déplore néanmoins qu'il y ait peu de campagnes se sensibilisation - et même de moyens coercitifs - pour améliorer le comportement des cyclistes. Selon lui, c'est une question de priorité, car les statistiques montrent surtout du doigt les automobilistes.

Il rappelle toutefois un point : «Si c'est l'automobiliste qui brûle un feu rouge, c'est lui met le plus les autres en danger.»

- Avec la collaboration de William Leclerc

Pour le rapport d'étude intitulé Les Québécois et la courtoisie sur les routes, Léger Marketing a mené des entrevues téléphoniques auprès de 1356 Québécois, âgés de 16 ans et plus. Les entrevues ont été réalisées du 30 juillet au 7 août 2008.

La marge d'erreur est de 2,66 points de pourcentage, 19 fois sur 20.