Le vent de sympathie à l'endroit du journaliste irakien qui a lancé ses chaussures à la tête du président Bush, dimanche dernier, souffle de plus en plus fort, et de plus en plus loin. Il a même atteint le Canada.

Hier, des manifestants ont bravé le froid et se sont massés devant les consulats des États-Unis de Montréal et de Toronto, munis de souliers, de bottes et de sandales qu'ils ont jetés contre une photo en noir et blanc du président américain.

 

«Ça ne changera probablement rien, mais ça fait du bien», a dit Christina Blais, la première à s'élancer, à Montréal, en criant «kalb» - chien, en arabe, a-t-elle expliqué. «C'est la pire des insultes.»

Le député fraîchement élu de Québec solidaire, Amir Khadir, s'est aussi prêté au jeu. «Il y a certainement des milliers d'élus dans le monde qui rêveraient d'avoir l'occasion de faire ce que j'ai fait», a-t-il dit. Il a tout de même indiqué qu'il n'aurait pas osé devant un Bush en chair et en os.

La poignée de manifestants a ensuite pris le chemin du centre de recrutement des Forces armées canadiennes, le temps d'un deuxième lancer du soulier contre une effigie de Stephen Harper pour protester contre «la complicité du Canada dans la sanglante guerre au terrorisme des États-Unis», a expliqué le militant bien connu Jaggi Singh.

La détention du journaliste irakien Mountazer al-Zaïdi, nouveau héros du monde arabe, a aussi suscité des rassemblements en Jordanie et en Turquie. Le chef de la diplomatie malaisienne a pour sa part estimé que le geste du journaliste était «la meilleure manifestation de représailles» à la suite de l'invasion américaine de l'Irak.

M. al-Zaïdi fera probablement face à des accusations d'insulte à un chef d'État étranger en visite, accusations qui pourraient lui occasionner une peine de prison de deux ans. Selon le juge d'instruction irakien chargé de l'affaire, M. al-Zaïdi a été frappé depuis son arrivée en prison; il a des contusions au visage et autour des yeux.

Avec Associated Press et Agence France-Presse