Les grands froids des derniers jours ont mis sur la sellette le terme «refroidissement éolien», qui est parfois à la météo ce que le sensationnalisme est au journalisme. Pourquoi se contenter d'annoncer un modeste 10° au-dessous de zéro quand on peut l'agrémenter d'un refroidissement éolien bien corsé avec une température «ressentie» de -24°? Et quoi de mieux que de transformer -28°C en avertissement effroyable de -50° avec le vent, comme on l'a constaté cette semaine?

Apparu en douce il y a une dizaine d'années sous le terme de «facteur vent», le refroidissement éolien est aujourd'hui totalement intégré au vocabulaire météorologique. Il est sans conteste la vedette de la semaine. Même si on en abuse. «Quand on sait ce que c'est, c'est très utile, mais c'est souvent employé à toutes les sauces, dit René Héroux, météorologue à Environnement Canada. Il y en a, et je ne donnerai pas de noms, qui utilisent ça tout le temps! D'autres font du sensationnalisme avec ça, c'est vrai.»

Le facteur de refroidissement éolien, qui combine température et vitesse du vent dans une formule complexe (voir encadré), sert surtout à prévenir les engelures. Dans les pays nordiques, on peut facilement supporter des températures comme celles d'hier si on est bien habillé... et si le vent est discret. Si ce dernier se lève, c'est une autre paire de manches. «Quand il fait froid et qu'il vente, il y a risque d'engelure, pour la peau exposée seulement, précise M. Héroux. Parfois, il n'y a pas de vent, comme aujourd'hui (hier), alors le refroidissement éolien est une information inutile. Parfois, également, on crée son propre vent en skiant ou en courant.» 

Comme calculer le refroidissement éolien?

Depuis 2001, Environnement Canada a mis au point une nouvelle équation qui «tire profit des progrès scientifiques pour fournir une mesure plus précise et plus utile de la sensation de froid en présence de vent». Malgré son apparence rebutante, elle est loin d'être difficile à maîtriser. La voici:

En posant que T est la température et V la vitesse du vent, le refroidissement = 13,12 " 0,6215 x T - 11,37 x V (puissance 0,16) " 0,3965 x T x V (puissance 0,16)

C'est en 1999 qu'Environnement Canada a commencé à intégrer le facteur vent dans ses prévisions, après une vague de froid exceptionnelle dans le sud de l'Ontario. On utilisait à l'époque la vieille équation de Siple-Passel, deux scientifiques qui l'ont conçue dans les années 40 dans l'Antarctique.