La plupart des chroniqueurs-vedettes du Journal de Montréal continueront de signer leurs opinions dans les pages du quotidien durant le lock-out, a appris La Presse. Par ailleurs, c'est aujourd'hui que les syndiqués inaugureront leur site internet de contestation ruefrontenac.com.

Contrairement à trois de leurs collègues, Bernard Landry, Richard Martineau, Stéphane Gendron, Jean-Marc Léger, Christopher Hall, Raymond Gravel et Pierre Vercheval ont tous indiqué qu'ils poursuivraient leur collaboration. Gilles Proulx et Louise Deschâtelets sont quant à eux en train de réfléchir.

 

«J'ai de la sympathie pour les deux thèses, donc pour l'instant, ça me force à observer la situation», a expliqué l'ancien premier ministre du Québec, Bernard Landry, au sujet des parties patronale et syndicale. «J'ai voté la loi anti-scab, qui est une loi extraordinaire. S'il y avait des illégalités de ce côté ou de la part de l'une des deux parties, ça dicterait ma conduite.»

L'animateur Gilles Proulx s'est donné quelques semaines avant de décider s'il poursuivra ses articles d'opinion sur les voyages. La solidarité avec les reporters du Journal de Montréal ne sera toutefois pas le motif de la fin de sa collaboration.

«Pour moi, le syndicat constitue un groupe d'enfants gâtés. La salle de rédaction est la mieux rémunérée au Québec, et même avec les demandes de l'employeur, ils conservent l'une des meilleures conventions collectives en Amérique du Nord. Cela dit, je m'aperçois que la direction m'utilise comme tampon. Lorsque l'on m'a approché en août, j'étais très touché, mais je ne me doutais pas que c'était une stratégie préparatoire pour faire fonctionner le bateau.»

Plusieurs chroniqueurs interrogés ont dit craindre de perdre leur emploi à la fin du conflit s'ils cessent d'écrire. «Je ne suis pas indifférent, mais en tant que pigiste, je me sens impuissant. Je n'ai pas de sécurité d'emploi», a dit Christopher Hall.

«La sécurité d'emploi, ça n'existe pas pour moi», a ajouté le maire de Huntingdon, Stéphane Gendron. «Donc, quand je vois des gens se battre pour ça, ça ne m'énerve pas beaucoup.»

Le week-end dernier, Jacques Demers, Daniel Green et Martin Brodeur ont arrêté d'écrire pour le quotidien de la rue Frontenac par solidarité avec les journalistes en lock-out.

Lancement d'un média parallèle

À l'instar de leurs collègues lock-outés du Journal de Québec l'an dernier, les syndiqués du Journal de Montréal lanceront aujourd'hui un média d'information pour faire pression lors du conflit de travail. Le site internet ruefrontenac.com est censé être mis en ligne cet après-midi.

«C'est une grande démonstration à notre employeur qui nous accuse de ne jamais avoir été en accord avec les projets d'avancement sur le web», explique le président du syndicat du Journal de Montréal, Raynald Leblanc. «Ce ne sera pas une extension du Journal de Montréal, prévient-il, c'est un site web d'informations où nous aurons le grand luxe de fouiller des sujets d'enquête en plus de faire des nouvelles ponctuelles.»

Le lock-out au Journal de Montréal a été décrété par Quebecor dans la nuit de vendredi à samedi.