Le projet d'expansion de l'Église de scientologie à Montréal a du plomb dans l'aile. Son déménagement au centre-ville, prévu initialement pour 2008, n'aura pas lieu avant la fin de l'année 2010, a appris La Presse.

L'Église de scientologie a vu très gros en se portant acquéreur de l'immeuble La Patrie au coût de 4,25 millions de dollars à l'été 2007. Près de deux ans plus tard, le mouvement n'a pas toujours pas amassé les fonds nécessaires pour lancer les travaux d'aménagement de ce vaste local situé rue Sainte-Catherine Est, en plein centre-ville de Montréal. Les plans de transformation ne sont même pas encore prêts.

«On en est encore aux étapes préliminaires et à la collecte de fonds», confirme le directeur des affaires publiques de l'Église de scientologie de Montréal, Jean Larivière.

«Le projet va nous coûter cher, très cher. On était conscients qu'il y avait beaucoup de travaux à faire, mais l'enthousiasme nous a un peu aveuglés et on fait maintenant face à la réalité», explique M. Larivière.

La transformation de l'édifice La Patrie, ancienne propriété de l'UQAM, en un lieu de culte au goût de l'Église de scientologie nécessiterait des investissements de quelque 10 millions de dollars. Sans préciser la somme amassée à ce jour, M. Larivière note néanmoins qu'il est «très loin du compte».

Le mouvement compte un millier d'adeptes à Montréal. Selon M. Larivière, plusieurs auraient décidé de consacrer cette année leurs contributions à un projet d'expansion semblable qui est en cours à Québec. Il associe aussi ces difficultés financières au ralentissement économique mondial. «Nos membres sont des gens comme les autres. En période d'incertitude, ils veulent garder plus de sous dans leur compte en banque», dit-il.

Recul de la ferveur?

Mais selon un porte-parole d'Anonymous, une organisation qui manifeste chaque mois devant les locaux actuels de l'Église de scientologie, rue Papineau, ce retard d'au moins deux ans dans les travaux révèle un recul de la ferveur de ses membres. «Ils investissent moins dans le mouvement soit parce qu'ils sont moins nombreux, soit parce qu'ils sont moins convaincus», dit Gaius Baltar.

En plus d'améliorer la visibilité de l'Église de scientologie dans la métropole, son déménagement rue Sainte-Catherine lui permettra de se doter d'une salle d'exposition de 45 000 pieds carrés entièrement dédiée au fondateur du mouvement, en plus d'une chapelle, d'une bibliothèque et de plusieurs salles de cours réservées aux adeptes. La superficie totale de ses locaux triplera.

Ce projet inquiète le groupe Anonymous. «Ils seront très près d'une université (l'UQAM). Ce sera facile pour eux de faire des campagnes de recrutement auprès des étudiants», croit M. Baltar.

À Québec, le projet d'aménagement de 4 millions d'un tel lieu de culte crée un certain remous. Interrogé sur le sujet, le cardinal Marc Ouellet a indiqué à un journaliste du Soleil, jeudi, qu'il souhaitait que le gouvernement révise la Loi sur les corporations religieuses. «Peut-on mettre sur le même pied une Église qui compte un milliard de fidèles et 2000 ans d'histoire et un petit groupe de fidèles qui viennent de faire surface? Il faudrait savoir si la loi correspond vraiment à la réalité.»

À Montréal, le cardinal Jean-Claude Turcotte a décliné toutes les demandes d'entrevue liées à ce dossier.

Controverse

Les principes de la scientologie ont été établis au tournant des années 50 par L. Ron Hubbard et son premier lieu de culte a été inauguré en 1953 au New Jersey. L'Église de scientologie est maintenant implantée aux quatre coins du monde, et son statut suscite la controverse. Certains pays la reconnaissent comme une religion, d'autres comme une secte ou une organisation commerciale.

Au Québec, elle a le titre de corporation religieuse. Elle compte parmi ses plus célèbres adeptes les vedettes hollywoodiennes John Travolta et Tom Cruise.