Le trolleybus pourrait être de retour au Québec, plus de 40 ans après sa disparition.

La Ville de Laval, en partenariat avec Hydro-Québec, a annoncé cet après-midi qu'elle étudiait la possibilité d'implanter sur son territoire un réseau d'autobus complètement électriques, et ce dès l'an prochain.

Il s'agit d'une première au Québec, où les trolleybus ont quitté définitivement le paysage urbain en 1966. Et il s'agit également d'une première pour Hydro-Québec, qui prépare un important virage vers l'électrification des réseaux de transport collectif, comme le révélait La Presse en novembre dernier.

«Nous sommes la première ville au Québec à étudier sérieusement la faisabilité de ce type de transport, a souligné le maire Gilles Vaillancourt. J'invite par le fait même toutes les municipalités dotées d'un réseau de transport à emboîter le pas.»

Ce dernier a d'ailleurs précisé que les maires de certaines des neuf grandes villes du Québec s'étaient déjà montrés intéressés par son étude sur les trolleybus, dont les conclusions sont attendues d'ici la fin 2009. Le premier trolleybus pourrait rouler à Laval à l'automne 2010.

Dans la même veine, le président d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, a ajouté que plusieurs autres projets de transport en commun électrique étaient à l'étude au sein de la société d'État. Mais il n'a pas voulu rentrer dans les détails.

M. Vandal a présenté l'entente avec Laval comme le «point de départ» vers une électrification du transport terrestre, en particulier les réseaux de transport collectif de la province. «Notre souhait, c'est que cette initiative s'étende à d'autres sociétés de transport au Québec», a-t-il indiqué.

Présenté comme «un moyen de transport écologique», le trolleybus vit une certaine renaissance dans le monde (il est présent dans 343 villes, dans 47 pays). De nombreuses villes, comme Rome par exemple, se sont récemment laissé (re)séduire par les avantages de cet autobus relié à une ligne de contact aérienne.

Trois raisons expliquent cet engouement : le trolleybus est électrique, donc non polluant; il s'implante très rapidement, contrairement à un prolongement de métro par exemple; il coûte beaucoup moins cher que d'autres moyens de transport, comme le tramway.

Au Québec, ces avantages sont en quelque sorte décuplés. Le trolleybus roulerait en effet à partir d'hydroélectricité, une énergie propre. En outre, ce «carburant» est fait ici, ce qui signifie que l'argent dépensé demeure au Québec, contrairement à celui dépensé pour le pétrole, a précisé M. Vaillancourt.

Hydro-Québec s'est engagée à défrayer les coûts en équipement du futur réseau de trolleybus, évalués à «quelques dizaines de millions de dollars». Tandis que le gouvernement du Québec déboursera 250 000 $ pour le projet d'étude, en vertu du Programme d'aide gouvernementale au transport collectif des personnes.

Le gouvernement Charest s'est d'ailleurs montré très enthousiaste, lui aussi. «Si l'étude est concluante, les bénéfices d'un réseau de trolleybus pourraient être nombreux pour la population de Laval, et pour l'ensemble de la collectivité», a précisé Claude Béchard, ministre des Ressources naturelles et de la Faune.

Les écologistes et les usagers du transport en commun ont applaudi à la nouvelle. Il s'agit d'«une très bonne nouvelle», selon Steven Guilbeault, d'Équiterre. Et d'«une excellente initiative», pour Normand Parisien, de Transport 2000, un groupe de défense des usagers.

Plusieurs intervenants ont noté la rapidité de l'échéancier de Laval, soulignant à mots à peine couverts que cela fait mal paraître la Ville de Montréal, où on attend toujours les fruits du plan de transport. «Montréal ne bouge pas très vite, a indiqué M. Parisien. Le leadership politique de Laval maintient une certaine pression.»

L'Administration Tremblay, pour sa part, rejette ces critiques. Elle soutient que l'implantation d'une première ligne de tramway va bon train. Objectif: 2013. Quantau trolleybus, elle souligne n'avoir pas écarté cette option, notamment pour la desserte du boulevard Pie-IX, selon Darren Becker, porte-parole du comité exécutif.