Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, a demandé à la Sûreté du Québec, hier, de mener une enquête pour savoir comment des documents policiers confidentiels ont pu se retrouver au lieu d'enfouissement de Sept-Îles, plus tôt ce mois-ci, sans avoir été déchiquetés au préalable. Un témoin affirme que c'est la SQ qui les a envoyés là, mais celle-ci le nie.

La Presse a révélé, hier, que des dossiers contenant des témoignages sur des agressions sexuelles, des photos de scènes de crimes et de suicides, des dates de naissance et des numéros d'assurance sociale de suspects, de victimes, de témoins et de policiers, ont été envoyés, intacts, au dépotoir.

 

Un employé les a recueillis et les a remis à son avocat, Me Michel Savard. Ce dernier a écrit une lettre au ministre, mardi, pour lui suggérer d'envoyer quelqu'un à son bureau pour récupérer les documents et pour en disposer correctement.

«On a eu une lettre de Me Savard, a confirmé M. Dupuis. Quand j'ai été mis au courant de cette affaire-là, j'ai demandé qu'on vérifie de quoi il s'agit. Évidemment, il ne faut pas que des dossiers qui sont confidentiels, qui contiennent des renseignements nominatifs et aussi sensibles que ce que je lis dans le journal, soient abandonnés de cette façon-là. J'ai demandé qu'on vérifie l'information, qu'on aille au fond des choses pour trouver comment et qui est responsable. On va prendre des mesures de sécurité quand on va le savoir.»

Un journaliste a souligné au ministre que le poste de la SQ à Sept-Îles semble avoir un fonctionnement chaotique. Le commandant du poste, deux autres officiers et deux agents sont suspendus et sous enquête pour avoir gardé avec eux des armes apportées au poste par des citoyens qui voulaient s'en débarrasser. Un autre officier et un autre agent font par ailleurs l'objet d'accusations criminelles, l'un pour menaces de mort, l'autre pour vol.

«Les gens peuvent avoir confiance dans les policiers de la Sûreté du Québec à Sept-Îles, a répondu M. Dupuis. Je ne sache pas que les deux incidents (les problèmes de personnel et la découverte des dossiers confidentiels) soient reliés.»

Les dossiers proviennent de l'Administration régionale de la police autochtone de Nistassinan. Lors de sa dissolution en 2007, l'ARPN les a transférés à la SQ. La plus grande partie d'entre eux ont été envoyés à Baie-Comeau, mais quelques boîtes ont été envoyées à Sept-Îles, affirme un ancien agent de l'ARPN. Selon lui, ce sont ces boîtes qui se sont retrouvées dans le dépotoir.

La SQ affirme de son côté qu'elle a gardé à son bureau de Baie-Comeau tous les dossiers que lui a remis l'ARPN, soit 90 boîtes. La porte-parole régionale de la SQ, Isabelle Lafontaine, assure que les documents judiciaires sont toujours détruits par des entrepreneurs spécialisés, en présence de policiers.

Hier après-midi, la SQ a récupéré six caisses de dossiers au cabinet de Me Michel Savard. «De toute évidence, la SQ n'avait pas tous les dossiers en sa possession, parce que jusqu'à une heure et demie cet après-midi (hier), j'en avais six boîtes dans mon bureau», a dit l'avocat.