Il y a des «rapprochements» à faire entre la vie du Christ et celle des soldats canadiens postés en Afghanistan, selon l'évêque catholique du diocèse militaire du Canada, Donald Thériault.

«Les deux (les soldats et le Christ) ont une mission à accomplir, Jésus pour sauver le monde, nous autres pour essayer de sauver les gens de ce pays, qui sont esclaves de la pauvreté, de l'oppression, qui ont peu d'avantages et d'atouts», a confié en entrevue le responsable de tous les aumôniers catholiques des Forces canadiennes, au terme de sa première célébration pascale sur la base aérienne de Kandahar, samedi soir.

«Je fais un rapprochement entre ce que c'est que d'être un soldat et ce que Jésus a fait.»

En compagnie d'autres aumôniers, Mgr Thériault a célébré la Veillée pascale dans la modeste chapelle de la base, remplie de plus d'une centaine de fidèles pour l'occasion, en majorité des travailleurs civils, mais aussi des militaires, dont des Canadiens et des Américains.

Cette «Célébration de la Lumière» a été officiée principalement en anglais, mais aussi en partie en français, pour le bénéfice des nombreux militaires francophones notamment rattachés au Royal 22e Régiment, en affectation ici. Au premier coup d'oeil, rien ne distinguait durant la messe les aumôniers des prêtres du clergé séculier, sinon les lourdes bottes militaires que leurs aubes ne parvenaient pas à cacher.

«Les soldats, comme Jésus, doivent faire beaucoup de sacrifices, même sacrifier leur vie, a-t-il aussi fait remarquer. Il y en a trop, déjà, qui sont morts ici.»

Originaire de Paquetville, au Nouveau-Brunswick, Mgr Thériault a grandi à Sarnia, en Ontario, et est devenu évêque militaire il y a 10 ans. Il veille sur plus de 80 aumôniers catholiques, visite les bases du pays, et «essaie de répandre le message des Forces canadiennes».

«Parfois on mésinterprète, on n'apprécie pas ce qu'ils sont. Ce sont des gens comme nous, dévoués à leur pays, professionnels en tout.»

Quant à savoir comment on livre un message de paix dans une zone de guerre à des militaires qui combattent, l'évêque estime que la guerre insurrectionnelle qui a cours en Afghanistan, à la différence d'une guerre classique, est l'occasion de «beaucoup d'interactions avec les gens».

«Je crois que le message de paix, c'est de vivre la paix. C'est de s'approcher davantage des gens, de leur démontrer que nous sommes des 'personnes de paix', même (quand il s'agit) de soldats avec des fusils sur l'épaule.»

Enfin, il juge qu'il est possible de porter le message chrétien en terre d'Islam «par les actes», pour que les musulmans puissent voir que «nous ne leur voulons pas de tort».

«Ce sont des gens de bonnes volonté. Ils n'acceptent pas que Jésus soit fils de Dieu. C'est un gros acte de foi, a-t-il admis. On accepte qu'ils ne l'acceptent pas, mais leur Coran est orienté, comme notre Bible, vers la justice, la paix, la charité, la générosité envers son prochain. Il y a beaucoup de choses qui nous unissent.»

Outre les aumôniers catholiques, les Forces canadiennes comptent plus de 110 aumôniers protestants et deux imams.