Se disant exaspéré par l'attitude de la ministre des Aînés, Marguerite Blais, le président du Conseil des aînés du Québec, Georges Lalande, démissionne, a appris La Presse. M. Lalande reproche à la ministre de vouloir «contrôler son institution» et d'en «brimer la liberté et l'autonomie».

Le mandat de M. Lalande devait se terminer en novembre. Mais il explique avoir décidé de quitter ses fonctions avant terme, car la ministre Blais le «pousse vers la sortie».

Le Conseil des aînés a été créé en 1992. Son mandat est, entre autres, de promouvoir les droits des aînés et de conseiller le gouvernement sur toutes les questions qui touchent les personnes âgées. Selon M. Lalande, la ministre Blais empêche le Conseil des aînés de jouer son rôle.

Le président démissionnaire explique que le rapport annuel 2008 du Conseil a été déposé il y a plusieurs semaines au bureau de la ministre Blais. «Mais elle ne l'a pas encore déposé à l'Assemblée nationale, car elle s'attarde sur certains détails», soutient M. Lalande.

M. Lalande ajoute avoir créé récemment un comité pour réfléchir aux questions éthiques liées au vieillissement. «Mais Mme Blais est intervenue pour décider des membres qui devaient y siéger, dénonce M. Lalande. Si on enlève l'autonomie et l'indépendance du Conseil, il ne sert à rien.»

M. Lalande est fonctionnaire depuis 35 ans. Il a été notamment sous-ministre à la Justice et aux Transports. «C'est la première fois que je vois ça, dit-il. Tenter de soumettre le Conseil des aînés, c'est inacceptable.»

M. Lalande affirme que l'idée de lancer un programme de certification des résidences privées pour aînés est née au Conseil des aînés. «Si on a pu faire ça, c'est qu'on nous donnait la marge de parler. Il faut conserver l'autonomie du Conseil des aînés», dit-il.

Mme Blais déçue

La ministre Blais s'est dite «déçue» de la réaction de M. Lalande. «Elle croyait que son départ avait été décidé d'un commun accord», assure le directeur du cabinet de Mme Blais, André Ménard.

Si le rapport annuel 2008 du Conseil des aînés n'a pas encore été déposé, c'est que certains éléments «ne respectaient pas la loi constitutive du Conseil des aînés», dit M. Ménard. «Et c'est la responsabilité de la ministre de s'assurer que tout est conforme, ajoute-t-il. D'ailleurs, M. Lalande a fait les changements et le rapport sera sûrement déposé la semaine prochaine.»

Quant au comité d'éthique, M. Ménard explique que l'ancien président du groupe a écrit une lettre à la ministre Blais lui demandant de démissionner. «Il disait ne pas s'entendre avec M. Lalande. En réaction, M. Lalande lui-même a décidé de nommer Russell Copeman à la tête du comité. Il l'a nommé lui-même, dit M. Ménard. Ce n'est pas la décision de la ministre.»

Au cours des prochains mois, Mme Blais mènera des consultations afin de trouver un remplaçant à M. Lalande au Conseil des aînés.