Le directeur de l'Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC) appelle le Canada à prendre les mesures nécessaires pour faire suite à la publication d'un rapport qui conclut que le Canada est le principal fournisseur d'ecstasy en Amérique du Nord, en plus de prendre de plus en plus d'importance dans le trafic de méthamphétamine à travers le monde.

L'ecstasy, ou méthylènedioxyméthamphétamine (MDMA), est une drogue synthétique psychoactive semblable à la méthamphétamine et à la mescaline. Elle procure une sensation d'euphorie et une hausse d'énergie.

«Le Canada est devenu une importante plaque tournante du commerce d'ecstasy et d'amphétamine», a indiqué le directeur exécutif de l'ONUDC, Antonio Maria Costa, en conférence de presse mercredi à Washington, à l'issue du dépôt du Rapport mondial sur les drogues 2009 de l'ONU.

M. Costa a expliqué que la fructueuse industrie clandestine de confection d'amphétamine (aussi connue sous le nom de «speed») avait migré vers le nord, jusqu'au Canada, après l'interdiction par les Etats-Unis et le Mexique des précurseurs chimiques utilisés pour produire la drogue.

«Alors j'invite le Canada à prendre des mesures préventives en vue d'éviter la prolifération de la fabrication d'amphétamine dans le pays», a-t-il affirmé.

Un projet de loi anti-gang est actuellement à l'étude au Parlement d'Ottawa, mais il est retenu au Sénat par la majorité libérale, a souligné le ministre de la Justice, Rob Nicholson.

«En vertu de la nouvelle loi, ces personnes feraient face au minimum à une peine de deux ans de prison», a-t-il noté, en accusant le chef libéral Michael Ignatieff d'être responsable du délai.

«Je lui demande de faire quelque chose, d'appeler des gens, de faire avancer le projet de loi. J'espère que cela augmentera la pression sur lui pour en faire une priorité et pour faire adopter le projet de loi.»

Le chargé de mission du président américain Barack Obama en matière de drogues, Gil Kerlikowske, a pour sa part assuré que le rapport onusien ne devrait pas attiser les tensions sur la sécurité frontalière qui ont opposé les Etats-Unis et le Canada.

Le rapport avance que depuis 2003-2004, «le Canada est ressorti comme étant la source première de substances de type ecstasy dans les marchés nord-américains, et de plus en plus dans les autres marchés».

Les laboratoires d'ecstasy au Canada sont en grande partie contrôlés par les groupes criminels asiatiques, qui utilisent des produits chimiques importés clandestinement depuis la Chine par voie maritime.

En 2007, la moitié de l'ecstasy produit au Canada était destinée aux marchés américain, australien et japonais, selon le rapport.

Le document révèle également que le crime organisé au Canada est un joueur de plus en plus important dans le trafic de méthamphétamines depuis les dernières années.

Le Canada est en outre l'un des principaux producteurs de marijuana hydroponique, a indiqué M. Costa. Il y a de hauts taux de consommation au pays, de même que d'exportation au sud de la frontière, selon le directeur de l'ONUDC.

«Je crois qu'il y a beaucoup de travail à accomplir pour (régler) ces deux problèmes au Canada et ailleurs», a-t-il conclu.