Les organisateurs du Moulin à paroles accusent le gouvernement Charest de vouloir les censurer. Ils se disent «profondément insultés» par les propos du ministre Sam Hamad, si bien qu'ils lui réclament des excuses publiques.

«C'est une forme de censure que de questionner le contenu d'un spectacle libre et autonome», a dénoncé samedi une instigatrice du projet, Brigitte Haentjens.

Le ministre responsable de la Capitale nationale, Sam Hamad, s'est dissocié vendredi de cette manifestation artistique, qui aura lieu à Québec le week-end prochain pour commémorer le 250e anniversaire de la bataille des Plaines d'Abraham. Il a du coup annoncé que son gouvernement refusait de verser une subvention de 20 000$ demandée par les organisateurs.

Dans une sortie virulente, Sam Hamad a affirmé que le Moulin à paroles fait l'apologie de la haine et du terrorisme. La raison : un extrait du manifeste du Front de la libération du Québec doit être lu pendant le spectacle. Il reproche aussi à l'organisation de s'associer à Patrick Bourgeois, du Mouvement de résistance du Québécois, qu'il accuse de préconiser les appels à la violence.

«Ils sont rendus loin de la poésie, a déclaré le ministre Hamad. Le FLQ pour moi, le souvenir que j'ai, ce sont les assassinats, les bombes.»

Les organisateurs de l'événement se disent outrés par les déclarations du ministre. Non seulement garderont-ils la lecture du manifeste du FLQ à leur programme, mais ils n'entendent pas demander à Patrick Bourgeois de renoncer à lire un texte.

Brigitte Haentjens va encore plus loin : elle réclame des excuses publiques de Sam Hamad.

«Quand on accuse des gens de fomenter la violence, c'est très grave», a déploré Brigitte Haentjens.

Pas question de s'excuser, répond le ministre

Mais le ministre n'entend pas lui donner satisfaction.

«La position du ministre était claire hier, il la maintient aujourd'hui, a résumé son porte-parole, Alexandre Boucher. Il ne s'excusera pas.»

Le ministre provincial n'est pas seul à boycotter l'événement. La ministre fédérale Josée Verner et le maire de Québec Régis Labeaume ont tous deux décliné une invitation à participer à l'événement.

Le projet du Moulin à paroles est né dans la foulée d'une controverse qui a forcé l'annulation d'une reconstitution historique pour commémorer le 250e anniversaire de la bataille des Plaines d'Abraham. La Commission des champs de bataille nationaux avait dû annuler la bataille simulée et une série d'activités pour souligner la Conquête, après que des groupes souverainistes radicaux eurent menacé d'y faire de la casse.