Les organismes de bienfaisance retiennent leur souffle à l'approche du lancement des campagnes annuelles de financement d'avant les Fêtes. En ces temps de crise, la pauvreté est croissante et les donateurs, plus économes.

À l'Accueil Bonneau, Jean-Philippe Dugré, coordonnateur au financement et aux communications, note que l'organisme (qui distribue 800 repas par jour) reçoit cette année 25% moins de dons que l'an dernier.

 

«C'est surtout du côté des dons des particuliers que ça a chuté, explique M. Dugré. Il a aussi fallu composer avec le fait que les grossistes alimentaires et les grandes chaînes nous font des dons plus petits.»

Lors d'activités-bénéfices, les entreprises qui avaient l'habitude d'acheter 10 billets en achètent maintenant deux fois moins. Aussi l'Accueil Bonneau doit-il multiplier les démarches auprès des entreprises. De la même manière, dans l'espoir de diversifier les sources de financement, des demandes massives de dons sont maintenant envoyées par la poste à des gens qui n'ont jamais appuyé l'Accueil Bonneau.

À Jeunesse au soleil, qui se porte au secours de 400 familles de plus qu'en 2007, le vice-président Tommy Kulczyk dit lui aussi qu'«il faut travailler deux fois plus fort» pour tenir le fort. L'an dernier, pour la première fois en 50 ans, il a fallu faire une collecte de nourriture pendant l'été. Compte tenu des besoins toujours pressants, on a dû en faire une autre cet été.

Heureusement, la chance a souri à Jeunesse au soleil, qui, presque par miracle, a vu atterrir un immense don de viande, gracieuseté de l'organisme ontarien Feed the Children. «Ça nous a permis de distribuer de la viande pendant plus de six mois», souligne M. Kulczyk.

Du côté du Club des petits-déjeuners, la grande difficulté depuis le début de la récession, outre la perte de certaines commandites d'entreprises, réside dans le recrutement de bénévoles. «Les bénévoles sont souvent des gens de 55 ans et plus, relève Marie-Claude Bienvenue, directrice des communications. Or, plusieurs ont dû retourner travailler parce que leurs économies avaient fondu et on les a perdus.»

Nouveaux visages

«Les organismes que nous aidons voient arriver à leur porte de nouveaux visages, des couples qui appartenaient jusqu'ici à la classe moyenne qui ont perdu leur emploi, dit Lyne Harris, directrice adjointe de Centraide. Les demandes d'aide sont croissantes et les revenus sont moindres, alors la pression est forte. Par exemple, l'un des organismes que nous aidons a vu l'une de ses entreprises donatrices faire faillite.»

En vue de sa prochaine campagne, Centraide a fait un tour d'horizon de la demande à laquelle doivent répondre des organismes qu'il finance, poursuit Mme Harris. «Notre constat, c'est que les banques alimentaires sont fortement sollicitées. Les demandes aux cuisines collectives ont aussi augmenté, et les consultations budgétaires dans les ACEF (associations coopératives d'économie familiale) ont augmenté jusqu'à 30% dans certaines régions depuis le début de la récession.»