Le conseiller politique du président de la FTQ, Gilles Audette, a reconnu les liens entre le crime organisé, la FTQ-Construction et le Fonds de solidarité FTQ au cours d'un entretien téléphonique privé. Le Fonds de solidarité a vivement démenti ces propos.

L'émission Enquête, sur les ondes de Radio-Canada, a diffusé jeudi soir des extraits d'une conversation entre Gilles Audette et Ken Pereira, directeur de l'Association des mécaniciens industriels 1981 (affiliée à la FTQ).

> Le président de la FTQ, Michel Arsenault, réagit au reportage d'Enquête:

M. Pereira a enregistré M. Audette à son insu et remis la cassette à Radio-Canada. Gilles Audette avait tenté d'empêcher la diffusion de l'entretien en demandant à la Cour supérieure de prononcer une injonction. Le juge a rejeté sa requête, mercredi.

«Y'en a pu de FTQ-Construction, tabarnak, a dit M. Audette. Les chiffres, osti, les livres y vont être bien tenus. Y'aura pas un câlisse de mafioso pis de Hells qui va atteindre le Fonds de solidarité. Le passé, tu peux pas défaire le passé.»

Gilles Audette affirme que le Fonds de solidarité FTQ - une société de capital qui gère les actifs de 570 000 Québécois - a fait affaire avec Ron Beaulieu, sympathisant des Hells Angels.

Puis, il insinue que des membres de la mafia souhaitent le départ du président de la FTQ, Michel Arsenault.

«Michel a appris qu'y fallait, comment y'ont dit ça les tabarnaks... J'te dirai pas qui... du côté des Italiens... il faut que Michel Arsenault débarque de là. Y débarquera pas Michel Arsenault, câlisse», a dit M. Audette.

L'émission Enquête a également traité du rôle que le crime organisé aurait joué dans les élections à la FTQ-Construction, en novembre. L'ex-directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, aurait fait appel à un membre des Hells Angels pour convaincre l'un des trois candidats à sa succession de retirer sa candidature.

Favoritisme

Le reportage d'Enquête a également abordé l'apparence de favoritisme de la FTQ envers l'entrepreneur Tony Accurso. M. Accurso est propriétaire de Simard-Beaudry, l'une des entreprises du consortium qui ont obtenu le controversé contrat des compteurs d'eau de la Ville de Montréal.

Des anciens dirigeants du Fonds de solidarité interrogés par Radio-Canada ont déclaré que des dossiers de M. Accurso ont été traités en priorité. Les liens financiers entre la FTQ, le Fonds et les entreprises de Tony Accurso dépassent les 400 millions, selon Radio-Canada.

En plus de l'ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal Frank Zampino, plusieurs dirigeants du syndicat ont séjourné sur le yacht de M. Accurso, amarré dans les îles Vierges. Gilles Audette et Louis Bolduc, du Fonds de solidarité, sont du nombre.

Le Fonds se défend

Le Fonds de solidarité FTQ a vivement démenti les conclusions du reportage jeudi soir au moyen d'un communiqué. L'organisation a d'ailleurs déposé une plainte à l'ombudsman de Radio-Canada pour le traitement «partial, tendancieux, voire calomnieux» de l'émission Enquête depuis le printemps dernier.

«Le Fonds de solidarité FTQ n'octroie aucun passe-droit à quelque entrepreneur que ce soit et il n'est nullement infiltré par le crime organisé, écrit-on. Tous les projets d'investissement suivent un processus rigoureux et sont scrutés à la loupe.»

Dans les dossiers concernant Ron Beaulieu, le Fonds affirme qu'il n'a agi qu'à titre de «prêteur». L'organisation écrit que M. Accurso n'a pas bénéficié d'un traitement de type «fast track».