À l'aube de la deuxième vague de la pandémie de grippe A (H1N1), le gouvernement fédéral n'a toujours pas de plan coordonné d'intervention d'urgence, constate la vérificatrice générale, Sheila Fraser, dans un rapport rendu public mardi.

Le ministère de la Sécurité publique a la responsabilité d'établir des programmes et des directives, de coordonner les mesures de prévention, d'atténuation, d'intervention et de rétablissement en cas de crise. Or, il a failli à la tâche, estime la vérificatrice générale.«Sécurité publique Canada n'a pas exercé le leadership requis pour coordonner les activités liées à la gestion des urgences», écrit Mme Fraser dans son rapport.

Il existe une ébauche de plan d'intervention, mais le gouvernement ne l'a toujours pas approuvée. En outre, rien ne permet d'assurer l'intervention concertée des ministères et organismes appropriés en cas de pandémie, d'inondations, d'incendie de forêt ou d'autres urgences de grande envergure.

«Tant qu'il ne sera pas clairement établi comment Sécurité publique Canada compte travailler avec les autres ministères, il lui sera difficile d'assurer une réelle coordination de l'intervention fédérale en cas d'urgence», a souligné Mme Fraser en conférence de presse, mardi.

La vérificatrice précise qu'elle n'a pas étudié le cas de l'actuelle pandémie de grippe A (H1N1), dont la deuxième vague s'est déclarée après la conclusion de son enquête. Mais elle estime que, bien que le gouvernement soit probablement en mesure d'intervenir, un plan d'intervention clarifierait le rôle de chacun et permettrait une meilleure coordination des mesures à prendre.

«Les gouvernements ont toujours répondu aux urgences, a dit Mme Fraser. Le Ministère a été créé pour mieux coordonner les efforts. Je ne doute pas que l'on réponde (à la crise). Mais est-ce que la coordination est aussi efficace qu'elle devrait être? Là est la question.»

Critique de l'opposition

Dès le dépôt du rapport en Chambre, les partis de l'opposition ont vilipendé le gouvernement conservateur. Ils ont critiqué le manque de planification dans la gestion de la pandémie de grippe et blâmé Ottawa pour le cafouillage dans la distribution du vaccin.

«Depuis son arrivée au pouvoir, ce gouvernement a échoué à développer un plan national d'intervention d'urgence. Ça inclut la planification pour les épidémies et pandémies comme celle de la grippe H1N1. C'est peut-être ce qui explique pourquoi la réponse de ce gouvernement face à cette crise a été si lente et si confuse», a déploré le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.

À l'issue de la période de questions, le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan, a reconnu que le plan de gestion des urgences n'avait toujours pas été adopté. Mais il a affirmé que, pour ce qui est de la grippe H1N1, le Canada dispose d'un plan de lutte qui suffit à coordonner les responsabilités du fédéral dans la production et la distribution du vaccin.

«Nous avons produit 6 millions de doses, qui sont déjà entre les mains des provinces. C'est plus par habitant que partout dans le monde, a dit M. Van Loan. C'est aux provinces de s'assurer que les vaccins se retrouvent dans le bras des gens.»

De passage à Vancouver, la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, a pour sa part affirmé qu'elle avait recommandé que les doses soient distribuées aux provinces au fur et à mesure de leur production au lieu d'attendre d'avoir en main toutes les doses nécessaires pour une vaccination de masse.

«Nous avions l'option d'attendre jusqu'au mois de décembre, quand nous aurions eu 50 millions de doses, ou bien de distribuer le vaccin tout de suite, dès le début de la production, afin de vacciner les groupes prioritaires. Nous avons décidé de vacciner tout de suite après avoir reçu les avis des experts médicaux de toutes les provinces», a expliqué mardi la ministre en conférence de presse.

Mme Aglukkaq a aussi nié que le gouvernement fédéral n'ait pas de plan contre la pandémie. Elle a soutenu qu'Ottawa et les provinces planchent depuis sept mois sur un plan et que les autorités médicales ont retenu des leçons de la crise du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003.