La ministre des Transports, Julie Boulet, veut obliger les jeunes de 12 ans et moins à porter un casque à vélo, à partir de 2011 au plus tôt. Divisée sur la question, la Table québécoise de la sécurité routière n'a pas recommandé cette mesure dans son rapport rendu public lundi.

Vélo Québec, qui a quitté la Table avec fracas, condamne les intentions de la ministre Boulet.

Lundi, lors d'une conférence de presse monopolisée par la baisse du taux d'alcoolémie permis de 0,08 à 0,05, Mme Boulet a indiqué que son projet de loi attendu cette semaine comprendra un pouvoir réglementaire permettant au gouvernement d'obliger le port du casque chez les 12 ans et moins au moment jugé opportun.

L'an prochain, la ministre lancera une campagne de sensibilisation sur la sécurité à vélo. En 2011, «on verra si on a évolué dans le nombre de personnes qui portent le casque et, s'il le faut, avec le pouvoir réglementaire, on ira plus loin», a-t-elle dit.

Julie Boulet a déjà l'intention d'aller «plus loin». Son plaidoyer est prêt. «Les blessures à la tête causent 60% des décès chez les cyclistes. L'Ontario, l'Alberta et le Manitoba ont déjà légiféré là-dessus depuis plus de 10 ans, même 15 ans, pour les moins de 18 ans. En Colombie-Britannique, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, c'est une obligation de porter le casque pour tous.»

Dans son rapport, la Table québécoise de la sécurité routière ne recommande pas le port obligatoire du casque. C'est faute de consensus au sein du groupe sur cette question, a confirmé son président, Jean-Marie De Koninck.

La Presse avait déjà révélé en octobre les intentions de la ministre. Vélo Québec avait aussi quitté la Table.

Il y a trois semaines, son directeur général, Jean-François Pronovost, a rencontré Julie Boulet, qui lui a confirmé ses intentions. Il s'étonne de la décision de la ministre qui ne s'appuie sur aucune recommandation de la Table.

«Ce n'est pas qu'on est défavorable au casque, a expliqué M. Pronovost. Mais obliger le port du casque, ce n'est pas la façon de faire. Il va y avoir une baisse de l'usage du vélo. Ce sera encore plus difficile de faire bouger les enfants.»

Selon lui, «c'est un règlement qui serait inapplicable. Les policiers n'ont pas le temps de s'occuper de ça».