Le gouvernement du Québec a rendu public lundi son plan d'action en matière d'itinérance, qui prévoit des mesures totalisant 14 millions de dollars sur trois ans. Le projet a reçu un accueil plutôt tiède de l'opposition et des organismes communautaires.

La ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault, a dévoilé le plan d'action 2010-2013 aux côtés de sa collègue de la Justice, Kathleen Weil, dans la cafétéria de la mission Old Brewery, à Montréal.Le document de 50 pages propose 70 actions qui seront entreprises par 10 ministères et organismes publics. Il fait suite aux recommandations d'un comité parlementaire, qui a déposé un rapport à l'Assemblée nationale le 4 novembre au terme d'une vaste consultation.

«Le document rendu public aujourd'hui représente un pas important dans nos efforts pour contrer l'itinérance et pour venir en aide aux personnes sans-abri ou en voie de le devenir», a déclaré Lise Thériault.

Le gouvernement met de l'avant cinq priorités pour s'attaquer au problème de l'itinérance. On souhaite renforcer la prévention, favoriser la stabilité résidentielle, améliorer, adapter et coordonner l'intervention, favoriser la cohabitation et accroître la recherche.

Québec prévoit en outre dresser un portrait du phénomène de l'itinérance au Québec, un exercice qui n'a pas été fait depuis plusieurs années. Le plan 2010-2013 prévoit aussi une meilleure formation des policiers pour intervenir auprès des sans-abri.

La Société d'habitation du Québec (SHQ) réalisera cette année 150 chambres avec soutien communautaire. L'organisme public réservera 300 logements aux clientèles itinérantes dans sa programmation Accès-logis 2010-2013.

Les groupes communautaires ont toutefois précisé qu'il s'agissait de la participation habituelle de la SHQ, et non d'investissements supplémentaires.

Accueil mitigé

Le plan d'action a suscité un accueil mitigé au Réseau solidarité itinérance du Québec. «On reste sur notre faim. On est déçus de l'absence de moyens, d'audace et de vision à long terme», a dit le vice-président du Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ), Pierre Gaudreau.

Le plan ne prévoit pas de financement accru et à long terme des organismes communautaires, a-t-il déploré. Le RSIQ réclame une politique globale en matière d'itinérance, qui proposerait des mesures concrètes à court, moyen et long terme.

La porte-parole péquiste pour les dossiers d'emploi et de solidarité sociale, Monique Richard, a elle aussi plaidé pour l'établissement d'une réelle politique. «En moyens concrets, le plan d'action est assez tiède, a-t-elle dit. Quels moyens donne-t-on aux organismes communautaires pour assumer leur travail de proximité?»

Lise Thériault a indiqué qu'elle ne «fermait pas la porte» à l'adoption d'une politique. «Ce qu'on annonce aujourd'hui, c'est une réponse rapide», a-t-elle souligné.

Questionnée sur le peu de ressources financières proposées pour appuyer le plan d'action, la ministre Thériault a précisé que le ministère de l'Emploi et de la Solidarité «bonifierait» le plan d'action avec son nouveau Plan de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.

La ministre a finalement annoncé qu'une entente multipartite sera dévoilée au printemps afin de répondre aux demandes de financement des trois grands refuges de la métropole, où sont concentrés la grande majorité des sans-abri.

L'implantation du plan d'action sera évaluée en 2013.