S'ils sont fonctionnaires, le juif qui porte la kippa, la musulmane voilée ou l'hindou qui porte le turban ne devraient pas être autorisés à accomplir des tâches qui les mettent en contact avec le public. Selon le PQ et l'ADQ, ils devraient travailler à l'abri des regards, loin des comptoirs: le port de tout signe religieux visible devrait être interdit pour tout employé de l'État, selon ces deux partis.

La Presse a demandé aux trois partis de confirmer leur position après que Le Devoir eut publié hier un article portant sur Michel Robichaud, un citoyen de Longueuil qui a refusé de se faire servir par une employée de l'État portant un signe religieux.

 

M. Robichaud s'est présenté au printemps dernier à la Régie de l'assurance maladie du Québec. L'employée qui devait lui répondre portait le voile. Devant son refus de transiger avec elle, on l'a invité à reprendre un numéro et à refaire la file pour parler à une autre préposée.

M. Robichaud s'est adressé au commissaire aux plaintes de la Régie, «qui m'a dit que c'était moi qui faisais de la discrimination», relève-t-il en entrevue téléphonique.

Outré, il s'est plaint à la Commission des droits de la personne, qui l'a débouté. «Dans l'état actuel du droit, les fonctionnaires ont le droit de porter un signe religieux», résume François Larsen, directeur à la recherche et aux communications.

C'est à ce moment que M. Robichaud a appelé Le Devoir, indique-t-il.

À la suite de l'article du quotidien, La Presse a joint les partis politiques pour connaître leur opinion.

Au PQ, Benoit Charrette, critique en matière de communautés culturelles, indique qu'une charte de la laïcité est en préparation et que le PQ compte officialiser sa position sur la question à son congrès de 2011. Son souhait, c'est que l'absence de quelque signe religieux visible que ce soit «compte parmi les conditions d'embauche» dans la fonction publique. Et oui, «ça inclut les croix».

Cela ne risque-t-il pas de priver le Québec de beaucoup d'infirmières, entre autres? «Je serais surpris que plusieurs personnes choisissent de démissionner ou refusent d'être embauchées pour cette raison», avance M. Charrette.

À l'ADQ, le nouveau chef Gérard Deltell a exactement la même position. Selon lui, «tout signe religieux ostentatoire ne devrait pas être autorisé dans l'espace public».

Yolande James, ministre libérale de l'Immigration et des Communautés culturelles, n'a pas accordé d'entrevue, mais son attaché de presse, Luc Fortin, a noté que «l'immigration est une façon de pallier le choc démographique. Ce choix va de pair avec le droit à l'emploi de tout Québécois. (La démarche du citoyen à la RAMQ) est un dérapage malheureux.»