L'OTAN se garde bien d'ouvrir cette boîte de Pandore politique, mais les ennemis pourraient profiter de la prolifération de technologies sophistiquées pour attaquer l'alliance occidentale dans l'espace.

C'est l'avis du général Jim Soligan, qui a fait une présentation ce matin à l'assemblée annuelle de la Conférence des associations de défense, une rencontre réunissant l'état-major canadien et l'industrie militaire.

À la retraite de l'armée américaine, le général Soligan travaille pour l'OTAN. «Il y a des technologies sur le tablettes qui donnent des nouvelles capacités à des nations ou même des organisations non-étatiques qui étaient autrefois réservées aux grandes puissances militaires», a-t-il déclaré.

Parmi ces technologies, il cite Google Earth ou les lunettes de vision nocturne. Le tour des technologies permettant d'attaquer les satellites de communication militaires n'est peut-être pas loin derrière.

«Nous avons toujours pris pour acquis notre accès libre à l'espace, mais peut-être que cela ne durera pas, dit-il. Aujourd'hui, l'OTAN dit: "Ne parlons pas de l'espace, c'est un sujet trop sensible politiquement". C'est un peu ce qu'on dit aussi des cyberattaques. Mais les "méchants" vont sûrement nous cibler dans ces domaines.»

Il ajoute par ailleurs que l'OTAN est au coeur d'une profonde réforme. L'Alliance tente toujours de s'adapter à la fin de la Guerre froide il a 20 ans.

«Pendant la guerre froide, nous étions prêts à nous battre mais nous ne faisions rien, dit-il. Aujourd'hui nous avons neuf opérations militaires simultanées mais deux fois moins de budget qu'en 1990.»

L'OTAN se pose plusieurs questions. Doit-elle se doter de capacités civiles, pour faire du nation-building? Comment tirer des leçons de l'expérience afghane, où l'impossibilité de communiquer entre six armées différentes a littéralement «coûté la vie de soldats» selon lui, faute d'avoir partagé de l'information sur les bombes artisanales. Ces éléments seront au coeur des débats de l'alliance au cours de la prochaine année.