Paul Sauvé, l'entrepreneur qui avait alerté la police sur les dérapages du monde de la construction, l'intimidation, le blanchiment d'argent et les liens avec le crime organisé, est furieux.

Après avoir craint pour sa vie et pour celle de sa fille et failli perdre son entreprise, celui qui avait mis le feu aux poudres est outré «de l'hypocrisie du gouvernement Charest, qui refuse de faire le ménage dans une industrie corrompue».

 

«La FTQ est carrément intouchable», lance celui qui était allé voir la SQ il y a trois ans pour dénoncer le motard Marvin Ouimet ainsi que le patron des Grues Guay, Louis-Pierre Lafortune, et un de leurs amis, Jocelyn Dupuis, directeur général de la FTQ-Construction pendant 11 ans.

Avec les accusations portées mercredi contre Jocelyn Dupuis pour fraude et fabrication de fausses factures, les trois individus visés à l'époque font finalement l'objet d'un mandat d'arrêt. Seul Lafortune a été épinglé jusqu'ici, à l'aéroport Montréal-Trudeau, en décembre 2009.

On reproche à Dupuis, essentiellement, d'avoir demandé le remboursement de dépenses indues à l'époque où il était à la direction de la FTQ-Construction. «On a un gars qui va payer pour des dépenses injustifiées, mais le problème est bien plus profond», déplore Sauvé.

M. Sauvé est amer. Le gouvernement aurait dû aller beaucoup plus loin. «Quand je regarde avec un peu de recul tout ce qui ne s'est pas fait et qui aurait pu être fait pour mettre en lumière une industrie qui trébuche depuis si longtemps, je suis fâché! Le gouvernement Charest avait la chance de faire le ménage important qu'il avait promis. On promettait de casser le cartel... Or, ce qu'on voit, c'est que la FTQ et le gouvernement Charest parlent d'une seule voix. On prouve qu'il y a des Hells Angels dans la cabane, qu'il y en a qui font de l'extorsion, des menaces, du blanchiment... on devrait faire plus qu'arrêter un gars pour des remboursements de dépenses!» dit M. Sauvé, dont l'entreprise de maçonnerie, LM Sauvé, avait été infiltrée par le crime organisé.

À la suite de sa dénonciation à la police et d'accrochages avec la FTQ-Construction et le Fonds de solidarité, Paul Sauvé avait vu son entreprise péricliter. Il a toutefois évité la faillite et travaille désormais dans des chantiers plus modestes. «Les choses se replacent, mais la pilule a été dure à avaler», résume Paul Sauvé.