La Gendarmerie royale du Canada soupçonnait René Lévesque d'être un communiste à la fin des années 1950, selon des documents obtenus mercredi par La Presse Canadienne.

Ces nouvelles pages figurent dans le dossier des services de renseignements de la GRC sur le populaire journaliste de Radio-Canada, devenu en 1976 premier ministre du Québec.

C'est dans une note datée de 1958 que le nom de M. Lévesque fait surface pour la première fois dans les fichiers de la GRC. Cette note retrace les soi-disants collaborateurs communistes au sein du bureau de Radio-Canada à Montréal.

Une note de service datée de janvier 1959 et envoyée au commissaire de la GRC s'attarde à la grève des producteurs de Radio-Canada de Montréal. Cette dernière bénéficiait de l'appui de plusieurs autres syndicats et groupes de travailleurs, dont le Congrès du travail du Canada et la Confédération des travailleurs catholiques du Canada

«On rapporte ... que René Levesque, soupçonné de communisme, est le coordonnateur entre les grévistes et les dirigeants des syndicats mentionnés ci-haut», indique la note.

La même année, la GRC a passé au peigne fin l'un de ses reportages sur la Guerre Froide. L'année suivante, René Levesque a adhéré au Parti libéral du Québec et est élu, en 1960, député de Montréal-Laurier à l'Assemblée législative du Québec. Il a occupé divers ministères avant de quitter les libéraux et fonder la formation politique qui devait devenir le Parti québécois.

Le «dossier Lévesque», qui englobe 2500 pages, avait été rendu public en novembre 2007 par Bibliothèque et Archives Canada grâce à la Loi sur l'accès à l'information. Mais des centaines de pages avaient été gardées secrètes.

De nouvelles informations ont été rendues publiques à la suite d'une plainte de La Presse Canadienne auprès du Commissaire fédéral à l'information.

Le matériel dévoilé en 2007 révèle que la division des renseignements de la sécurité de la GRC suivait de près l'évolution de ce jeune journaliste globe-trotter qui est rapidement devenu l'un des symboles de l'indépendance au Québec avant d'occuper le poste de premier ministre du Québec.

Il était déjà clairement indiqué dans le dossier de la GRC relatif à René Levesque révélé il y a trois ans que celle-ci le soupçonnait d'être un militant subversif de la gauche alors qu'il était à l'emploi de Radio-Canada. Mais les nouveaux éléments rendus publics renforcent l'idée selon laquelle les autorités croyaient que M. Lévesque était probablement un communiste.

Malgré cela, une autre note, datée de 1962, explique que la GRC «n'a pas d'indication au dossier» selon laquelle René Lévesque a été ou aurait été membre du Parti communiste du Canada.

En 1972, la GRC avait déterminé que M. Lévesque était «un nationaliste québécois convaincu, qui prône la séparation de cette province à l'aide de moyens pacifiques et démocratiques».

Des dossiers de la division des renseignements de sécurité de la GRC sur des individus peuvent être divulgués par le biais de la Loi sur l'accès à l'information et ce, 20 ans après le décès de la personne concernée. Le célèbre premier ministre québécois est décédé d'une crise cardiaque à l'âge de 65 ans, le 1er novembre 1987.