Le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, a déclaré mercredi que le type de réforme que le gouvernement canadien souhaite adopter pour son système d'accueil des réfugiés doit être mené avec prudence.

De passage à Ottawa pour un déjeuner-causerie, M. Guterres a déclaré que départager les demandes des réfugiés selon leur pays d'origine était une manière valable d'accélérer le processus. Mais il a souligné que les autorités devaient s'assurer que cette méthode tenait compte du fait que certains pays généralement perçus comme étant sécuritaires pouvaient être dangereux pour des groupes spécifiques, dont les homosexuels et les femmes.

«Il y a des régions où, même si vous vivez dans une démocratie, vous pouvez avoir de sérieuses raisons de croire que la peur d'être persécuté est légitime.»

Selon le haut commissaire, qui a pris soin de ne pas nommer le Canada, les pays qui optent pour un triage à deux vitesses doivent veiller à ne pas fermer ainsi la porte à des demandeurs légitimes, et se doter d'un solide mécanisme d'appel. Sinon, ils risquent de rejeter des gens susceptibles de subir des persécutions, comme la mutilation génitale, le mariage forcé ou de la discrimination basée sur l'orientation sexuelle.

Antonio Guterres a toutefois ajouté qu'il était possible d'établir un système à deux vitesses qui puissent prendre en considération ces particularités. Le tout, c'est de s'assurer que les décideurs se concentrent sur les individus et non sur les pays. «L'asile n'est pas accordé aux pays, il est accordé aux gens», a-t-il soutenu. «Et cela doit être au coeur de tout système d'accueil.»

Le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, doit présenter une réforme majeure du système d'accueil des réfugiés le mois prochain. Il songe à mettre en place un système à deux vitesses qui écarterait rapidement les demandeurs provenant de pays considérés sécuritaires. D'après M. Kenney, un tel système permettrait d'accélérer la prise de décision et de réduire le nombre croissant de demandeurs qui attendent une réponse du Canada.

Le projet de loi est en préparation depuis des mois. Les inquiétudes du gouvernement concernant les coûts d'implantation ont empêché la publication d'une version finale.