Il y avait Jessica, Katherine, Shirley, Abdel, Othman, Sue Ellen, Jean-Pascal et plusieurs autres. Une bonne douzaine d'amis, tous élèves de cinquième secondaire de l'école Mont-de-La Salle, à Laval-des-Rapides.

Ils parlaient tous en même temps. Ils venaient de toutes les cultures: russe, arabe, latino, québécoise. Une s'est dite à moitié française. Une autre était de parents marocain et polonais.

 

Ils étaient tous unis par le même bonheur: celui de se préparer des hot-dogs et des hamburgers sur le gril, installés à deux tables de pique-nique qu'ils avaient collées sous quelques arbres encore sans feuillage de la plage d'Oka.

C'était hier après-midi, dans ce parc national baigné par le lac des Deux-Montagnes. Trop heureux de profiter si tôt d'un soleil estival, les jeunes avaient la parole facile et le sourire radieux.

La plage n'était pas bondée, tant s'en faut. Mais le public averti savait à quoi s'attendre. Un soleil éclatant, une eau trop froide pour se baigner, mais assez chaude pour s'y tremper les pieds, et beaucoup d'espace pour se lancer un ballon de football ou une balle de baseball.

Les enfants, quoi d'autre, faisaient des châteaux de sable. Comme Helen et Stella, des jumelles de 3 ans accompagnant leur père, Ralph Letterman.

«Comment est l'eau?

- Très fraîche, répond-il. Mais vous savez, les enfants, ça ne les dérange pas du tout.»

Ce tableau estival vu sur la plage d'Oka s'est décliné dans toutes les variantes, hier, dans la région métropolitaine. Déjà, dans la matinée, quelques braves se faisaient bronzer au parc LaFontaine. Sur les routes, les voitures décapotables et les motocyclistes roulaient à bonne vitesse, comme si leurs chauffeurs voulaient s'enivrer d'air printanier.

Retour en ville par l'avenue du Parc. Sur le flanc est du mont Royal et dans le parc Jeanne-Mance, des centaines de personnes célébraient le début du congé pascal en pleine farniente. Dans les rues commerciales, les terrasses étaient remplies.

Deux records à la portée

«Le temps est anormalement doux et deux records de chaleur sont à notre portée», a lancé hier matin Jean Thériault, météorologue à Environnement Canada, en évoquant les journées d'hier et d'aujourd'hui.

Hier, Vendredi saint, le record a non seulement été battu, mais aussi pulvérisé avec une température de 25,3 ºC à 16h. L'ancien record, enregistré en 2009, n'était que de 16,0 ºC. «Ce record est une anomalie, dit Jean Thériault, en ce sens qu'il était faible, et donc facile à battre.»

Toujours hier à 16h, il faisait 27,5 ºC à Ottawa et 25,3 ºC à Val-d'Or, des températures qui ont battu de plus de 10 ºC les anciens records.

Pour aujourd'hui, le record est plus difficile à atteindre. En 1981, il a fait 21,3 ºC à Montréal. N'empêche, on attend 24 ºC...

C'est une masse d'air chaud, arrivant du golfe du Mexique et installée juste devant une importante dépression sévissant dans le sud du Manitoba, qui explique le temps actuel. Et l'absence de neige au sol aide le soleil à nous chauffer la couenne plus aisément.

Selon l'almanach des données climatiques d'Environnement Canada, la température maximale moyenne pour un 3 avril est de 7 ºC. Dans les prochains jours, les températures devraient demeurer au-dessus de la moyenne.

Sur la plage du parc d'Oka, un homme estimait que le printemps s'était installé depuis la dernière semaine de février. «Le temps que nous avons aujourd'hui, on l'a d'ordinaire en mai», a-t-il dit.

La copine de notre interlocuteur s'est jointe à la conversation. «Vous devriez faire un reportage sur les mouches, a-t-elle lancé. Regardez, il y en a déjà, a-t-elle dit en chassant un gros insecte du pied.»

La femme s'est installée sur sa serviette de plage. Son copain lui a tendu une bière fraîche. Sur le lac, un hors-bord est passé au loin. À cette distance, le son de son moteur était doux à l'oreille. L'homme s'est retourné vers sa conjointe en lançant: «Ça, j'aime ça, ce son-là.»