Le Canada veillera à ce que ses stocks d'uranium très enrichi, qu'il importe des Etats-Unis pour fabriquer des isotopes médicaux, retournent au sud de la frontière après avoir été utilisés, a déclaré lundi le premier ministre Stephen Harper.

M. Harper a annoncé que le Canada et les États-Unis avaient conclu une entente afin de s'assurer que les centaines de kilogrammes de la dangereuse substance, présentement conservés aux Laboratoires de Chalk River en Ontario, reprendraient la direction des États-Unis.

Cet engagement fait partie de la contribution d'Ottawa aux efforts menés par Washington pour éviter que des terroristes ne mettent la main sur de la matière nucléaire pouvant leur permettre de commettre des attentats atomiques.

«Le Canada reconnaît que le terrorisme nucléaire est une menace sérieuse à la sécurité internationale», a affirmé Stephen Harper depuis Washington où il participe au sommet sur la sécurité nucléaire du président américain, Barack Obama, en compagnie d'une dizaine d'autres leaders mondiaux.

«Les terroristes pourraient utiliser l'uranium très enrichi qui se trouve dans le combustible nucléaire irradié pour fabriquer des bombes. La meilleure façon d'empêcher cela, c'est de garder cette substance dans des conditions de sécurité maximales.»

Le premier ministre Harper a précisé que, à partir de cette année et pour les huit qui suivront, l'uranium sera acheminé aux Etats-Unis où le département de l'Energie américain le transformera afin qu'il ne puisse plus entrer dans la fabrication d'armes nucléaires.

Le réacteur de Chalk River est le chef de file mondial dans le domaine de la production d'isotopes médicaux. Mais une fois les isotopes fabriqués, l'uranium est conservé au Canada où il s'accumule depuis 20 ans.

Cette situation a mis le Canada dans une position délicate durant le sommet puisqu'il compte parmi ceux qui militent pour que tous les pays du globe utilisent de l'uranium faiblement enrichi plutôt que très enrichi - le terme technique pour l'uranium de qualité militaire - alors qu'il n'avait toujours pas réglé la question de ses propres stocks de matière nucléaire.

Stephen Harper a toutefois insisté sur le fait qu'il n'y avait jamais eu de risque que l'uranium de Chalk River se retrouve en la possession de terroristes et que le système de sécurité canadien pour ce type de substances était de «calibre international».

Le réacteur de Chalk River est actuellement hors service pour réparation mais le gouvernement fédéral a annoncé qu'il se retirait du commerce des isotopes médicaux et qu'il ne construirait pas d'autres installations.

Le sommet de deux jours sur la sécurité nucléaire organisé par Barack Obama fait suite à la signature d'un nouveau traité russo-américain sur la réduction des armes stratégiques. L'entente diminuera le nombre d'ogives nucléaires présentes dans chaque pays d'environ 30 pour cent.