Les dirigeants des 25 fonds spéculatifs (hedge funds) les plus performants ont empoché en 2009 la somme record de 25 milliards de dollars. À ce total, on est à 5 milliards près des 30 milliards nécessaires pour que 2,6 milliards de personnes partout dans le monde aient enfin accès à des latrines «et n'aient plus à déféquer dans la rue comme dans le Paris des années 1800».

Tel est le parallèle dressé hier par Riccardo Petrella, secrétaire général du Comité international pour un contrat mondial de l'eau, qui était de passage à Montréal dans le cadre du Sommet du millénaire.

 

C'est un appel à l'indignation que M. Petrella a lancé au micro. Il suffirait aussi de 180 milliards pendant 10 ans pour que chacun ait ses 50 litres d'eau par jour et puisse se nourrir raisonnablement.

Comment se fait-il qu'on ne parvienne pas à réunir cette somme alors que «1549 milliards ont été dépensés l'an passé pour la guerre» ? a demandé M. Petrella.

La guerre, gouffre sans fond

Loin de s'indigner de ce que leurs impôts servent à des fins militaires, les contribuables américains sont fiers de financer une guerre qui se traduira par la mort de milliers de leurs fils et de leurs filles, a dit M. Petrella.

«Par contre, ils sortent dans la rue quand il est question de donner à des millions de gens une assurance maladie.»

Comment, comme société, peut-on accepter de tout marchander? De marchander la santé, l'éducation, l'eau, la propriété intellectuelle? «Comme société, nous acceptons que le droit à la vie n'appartienne pas à tout le monde.»

L'eau, pour tous

Selon lui, la marchandisation de l'eau est la plus indécente de toutes, et il faut agir. «Il faut affirmer que l'eau n'est pas un bien économique, que l'eau, ce n'est pas de l'or bleu», mais que puisqu'elle est essentielle à la vie, elle appartient à tous et doit être rendue accessible à tous.